ferligron.1271862070.jpgmescendriers.1272648380.jpgEn ces temps d’idéologie sécuritaire (de « démence maniaco-législative » disait P. Muray) et d’hygiénisme généralisé, ces propos « brûlants » d’une écrivaine paraîtront le comble de la provocation (qui plus est de la part d’une dame qui siège à l’Académie française)…
« Le stylo et la cigarette, ça va ensemble. A cet égard, j’envie les peintres dont les mains sont occupées. Mais la main de l’écrivain me semble oisive, du moins celle des maudits qui écrivent à la main. J’envie ceux dont le clavier écrit les livres. Pour ma part, quand j’écris directement à l’ordinateur, je dois recommencer, ce n’est pas mon style. J’ai l’idée, purement imagi­naire bien sûr, mais les images sont tenaces, que la cigarette, quand j’écris, travaille à ma place ou avec moi. Inspirer la fumée m’inspire. Moins je fume, moins j’écris. Il y a quelque chose de spirituel dans la cigarette, d’aérien. Une volute, c’est beau. Allumer une cigarette est une manière de fuir un mauvais moment ou au contraire de célébrer un moment heureux. On l’allume quand on est seul, on quand on est ensemble. Dans les moments de joie, ou d’inquiétude. C’est bizarre. »
Florence Delay, entretien Le Figaro, 11 mars 2010.

N’en déplaise à la doxa, les fumeurs ne sont pas des inconscients, des abrutis ou des suicidaires. Leur compagnie est, en général, plus sympathique que celle des tabacophobes et nous remet en mémoire le conseil du grand Albert Einstein qui disait: « Avant de répondre à une question, on devrait allumer une pipe. »

A relire: « Le tabac », chapitre IV de La vie quotidienne de Jean Grenier, Gallimard, 1968.

Illustration: photomontage à partir de la couverture de Mes cendriers de Florence Delay, Gallimard, 2010.

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Patrick Corneau