hmorganlettrine2.1270463009.jpgtricot.1270463831.jpgSamedi dernier, dans son émission « Répliques », A. Finkielkraut avait invité Camille Laurens et Pierre Jourde à débattre autour de « Littérature et vérité« .
Romance nerveuse, le nouveau roman de celle que l’on considère comme le/la « maître de l’autofiction » étant le prétexte à des considérations sur ce genre incontournable*, à savoir  la « vraie vie » opposée à « l’écriture pure ».
Je me suis alors souvenu de La Courte Lettre pour un long adieu de Peter Handke et d’un passage qui m’avait beaucoup surpris à l’époque où je l’avais lu. À la fin du roman, les deux jeunes héros – le narrateur et sa fiancée Judith – parlent avec le cinéaste John Ford, personnage de la vie réelle introduit dans la fiction. Dans ce roman où le narrateur dit toujours « je », John Ford déclarait:
« Nous les Américains, nous disons ‘nous’ même quand nous parlons de nos histoires privées. Ça vient peut-être de ce que tout ce que nous faisons fait pour nous partie d’une entreprise commune publique. […] Nous n’avons pas de relations aussi solennelles avec notre moi que vous. »
Parfois, il suffit de faire un pas de côté, pour qu’un point de vue autre vienne apporter un peu d’air frais dans le bocal culturel (ou universitaire). Que peut l’éthéré étriqué « je » européen face au puissant souffle pluriel du « nous » américain? Voyez le volume des traductions…

* Dans En marge des nuits (Gallimard, 2010), J.-B. Pontalis a un chapitre subtil (« Ego scriptor ») sur ce qu’il appelle l’autographie.

Illustration: dessin de Serguei

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Patrick Corneau