ferlimortar11.1270369027.jpgbibletourdefrancededeuxenfa.1270368975.jpgHistoire de déterrer la hache de « guerre civile » récemment déclenchée, nous publions ce texte éloquent et édifiant (cité par Philippe Billé dans son blog Le Nouvel Obscurantiste) qui fut le fer de lance des hussards d’une république que certains ont peut-être rencontrée dans la voix et le regard de leurs grands-parents:

« La connaissance de la patrie est le fondement de toute véritable instruction civique.

On se plaint continuellement que nos enfants ne connaissent pas assez leur pays: s’ils le connaissaient mieux, dit-on avec raison, ils l’aimeraient encore davantage et pourraient encore mieux le servir. Mais nos maîtres savent combien il est difficile de donner à l’enfant l’idée nette de la patrie, ou même simplement de son territoire et de ses ressources. La patrie ne représente pour l’écolier qu’une chose abstraite à laquelle, plus souvent qu’on ne croit, il peut rester étranger pendant une assez longue période de la vie. Pour frapper son esprit, il faut lui rendre la patrie visible et vivante. Dans ce but, nous avons essayé de mettre à profit l’intérêt que les enfants portent aux récits de voyages. En leur racontant le voyage courageux de deux jeunes Lorrains à travers la France entière, nous avons voulu la leur faire pour ainsi dire voir et toucher; nous avons voulu leur montrer comment chacun des fils de la mère commune arrive à tirer profit des richesses de sa contrée et comment il sait, aux endroits même où le sol est pauvre, le forcer par son industrie à produire le plus possible.

En même temps, ce récit place sous les yeux de l’enfant tous les devoirs en exemples, car les jeunes héros que nous y avons mis en scène ne parcourent pas la France en simples promeneurs désintéressés: ils ont des devoirs sérieux à remplir et des risques à courir. En les suivant le long de leur chemin, les écoliers sont initiés peu à peu à la vie pratique et à l’instruction civique en même temps qu’à la morale: ils acquièrent des notions usuelles sur l’économie industrielle et commerciale, sur l’agriculture, sur les principales sciences et leurs applications. Ils apprennent aussi, à propos des diverses provinces, les vies les plus intéressantes des grands hommes qu’elles ont vus naître: chaque invention faite par les hommes illustres, chaque progrès accompli grâce à eux devient pour l’enfant un exemple, une sorte de morale en action d’un nouveau genre, qui prend plus d’intérêt en se mêlant à la description des lieux mêmes où les grands hommes sont nés.

En groupant ainsi toutes les connaissances morales et civiques autour de l’idée de la France, nous avons voulu présenter aux enfants la patrie sous ses traits les plus nobles, et la leur montrer grande par l’honneur, par le travail, par le respect profond du devoir et de la justice. »

Préface à Le tour de la France par deux enfants: devoir et patrie, livre de lecture courante avec 212 gravures instructives pour les leçons de choses et 19 cartes géographiques, par G Bruno. (Paris: Librairie classique Eugène Belin, 1877, réédition 2004).


  1. nomade says:

    Je suis un peu vieux jeu, mais j’ai toujours trouvé que ce texte, pas seulement nationaliste, ne prenait pas de rides. Il créait à sa manière et en fonction de l’époque des « valeurs » alors que maintenant on ne passe son temps qu’à détruire ce qu’il en reste sans en proposer d’autres.
    Un cerveau mal rempli vaut toujours mieux qu’une tête vide..

  2. Rodrigue says:

    La seule façon de comprendre sa propre « identité nationale » (si toutefois on en a une !) vivre et travailler à l’étranger. Ainsi l’autre vous renvoie le miroir du « français ». Car le « national » est toujours l’étranger d’un autre. C’est même grace à cela qu’il existe. C’est pour cela que parler de « l’identité nationale » entre français n’a strictement aucun sens.

    Oui, totalement d’accord avec vous. 🙂

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Patrick Corneau