cherryblossomsjpg.1267262779.jpghmorganlettrine2.1267263140.jpgCe film est une bouffée d’émotion à l’état pur. Poésie, tendresse, profondeur, Sehnsucht: tout y est. La première partie du film peut décevoir: personnages mutiques, intrigue mince, réalisation classique et jeu d’acteur terne. On attend que ça passe en imputant (à tort) l’ennui germanique… Et puis, peu à peu, le film gomme ces maladresses premières en nous plongeant dans l’âme de ses personnages. On est littéralement emporté par le trouble dégagé lors de plans silencieux où, à pas de loup, (se) passe l’essentiel: l’amour (conjugal, filial), la simple humanité qui ne sont pas toujours ce que l’on croit, ni où l’on croit. Le film crée et fortifie l’émotion à mesure que le drame surgit: la mort dont la confrontation brutale nous force à distinguer le futile de l’essentiel. Commence un voyage vers l’autre, ignoré dans la vie, découvert après sa disparition. Approche de l’inconnu, de l’au-delà, apprentissage du deuil où l’amour finit par vaincre.
A chaque visionnage de ce périple tendre et dépaysant où plane l’ombre du grand Ozu (« Voyage à Tokyo »), on découvre de nouveaux symboles. Les images du Japon sont belles (Fujiyama) et celles du hanami (floraison des cerisiers) impriment en nous le sentiment du mono no aware (« choses propres à émouvoir »). Rare.

FILM

A voir en ce moment sur le site d’ARTE (rediffusion mercredi 3 mars à 14h 45).

Illustrations: photos extraites de « Cherry blossoms – Un rêve japonais » de Doris Dörrie (Allemagne, 2008). L’actrice japonaise Aya Irizuki est une révélation…

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Patrick Corneau