9782070750993.1265101370.jpghmorganlettrine2.1265101430.jpgOn a beaucoup critiqué le Morand du Journal inutile : « aigri », « méprisable », « médiocre », « gaga », etc. Sollers déclare dans Le corps de Morand*:
« J’ai énormément aimé le Journal inutile qui, évidemment, a provoqué beaucoup de levées de bouclier, de réflexes pavloviens, et j’étais très, très étonné que ce vieillard, jusqu’en 1976, soit aussi lucide, flexible, voyageur, courageux, maître de lui et de sa lucidité et aussi touchant dans le rapport qu’il a avec sa femme dont on voit bien qu’il accompagne la mort d’une façon à la fois sublime et détachée. Ça m’a beaucoup frappé. »
Et de citer du Journal ces extraits parmi d’autres:
« Les Anglais nourrissent désormais la volaille avec sa propre fiente déshydratée, produit qu’ils nous vendent: ils ont donc trouvé le mouvement perpétuel et la solution à la question sociale: il va nous suffire de manger notre propre merde. »
Cela ne vous rappelle rien?
Et puis:
« La concentration: il faudrait l’enseigner aux enfants, avoir des classes de concentration; et de mémoires (les jésuites, seuls, l’ont compris). On ne réussit qu’en pensant à une seule chose, que ce soit à un personnage de roman, ou à une fortune à faire. »
Cet aveu:
« Moi, qui ne me suis guère senti de racines, pendant soixante ans, et de moins en moins, comment ai-je pu me fourvoyer à droite? »

*Discours parfait, Gallimard (2010).

Illustration: Gallimard

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Patrick Corneau