34.1250589504.jpg« Aussitôt après nous commence le monde que nous avons nommé, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde qui fait le malin. »
Charles Péguy

hmorganlettrine2.1250589271.jpgJe viens de relire le magnifique texte (presque « ancien », puisque de 2001!) de Peter Sloterdijk, L’Heure du crime et le temps de l’œuvre d’art, dans lequel il tente d’évaluer la conscience moderne à l’aune de ce qu’il appelle « le monstrueux », c’est-à-dire le global: « Le sens de toutes les révolutions culturelles, c’est la synchronisation, c’est-à-dire l’initiation des êtres humains dans le temps simultané du présent de la Terre (…) Lorsque les hommes interprètent leur situation dans l’espace et le temps en fonction des normes modernes, ils ne peuvent que se concevoir comme les membres d’une commune obligatoire qui ne connaît plus d’échappatoire (…) Nous sommes devenus les membres horrifiés d’une Église universelle génétique. »

« Horrifiés »… « plus d’échappatoire »… C’est le visage secret que désormais nous arborons, vous, moi, sous nos aillephaunes et nos aillepaudes, cornaqués par nos « réseaux sociaux » genre touitère ou fècebouque; le visage objectif de ceux qui tentent, hantés par le spectre de la « ringardisation », de faire encore comme si de rien n’était. Ainsi va l’hybris moderne, nous entraînant tous dans ce que Sloterdijk à appelé la « mobilisation infinie », un monde qui ne fait plus le malin…

Illustration: photographie Flickr

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Patrick Corneau