anne-far-away.1247405211.JPG« Très tôt dans son existence, l’enfant que je fus un jour avait intuitivement pressenti la culpabilité dans les choses, inséparable de la souffrance, de la rivalité: le moineau mort sur la pelouse, les mouches tuées d’un coup de tapette sur la véranda, le regard mauvais et indifférent de la petite brute dans la cour de récréation de l’école. Le fardeau de l’activité, de la participation doit tout bonnement être assumé, et il comporte ses plaisirs. Mais il s’agit de plaisirs cruels. Il n’y avait rien de cruel à rester accroupi à l’abri et à laisser un phénomène se dérouler: c’était l’extase. Le moi fondamental est innocent, et quand il goûte à sa propre innocence, il sait qu’il vivra à jamais. Si nous restons absolument immobiles, nous n’encourrons aucune usure et ne mourrons jamais. »
John Updike, Etre soi à soi-même, Gallimard, 1992.
hmorganlettrine2.1247404485.jpgOn en veut parfois à certains auteurs de vous avoir volé la matière même de certaines observations ou de vos expériences les plus précoces, les plus intimes. Mais ils vous les reflètent avec une telle justesse, un tel bonheur qu’ils sont rédimés, pardonnés au centuple.

Illustration: photographie de Anne*° far away/Flickr

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Patrick Corneau