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hmorganlettrine2.1251193470.jpg« L’écrivain: celui qui met sa peau sur la table.  » à écrit Céline. Didier da Silva* en écrivant ce petit livre a mis la sienne et même un peu plus. J’aurais presque l’impudence de dire que c’est son Voyage au bout de la nuit  sans la rage et l’horreur, le bruit et la fureur. Plutôt le ton de l’élégie calme, une coulée schumanienne dont le refrain persiste, vous colle à l’âme, le livre (trop tôt) refermé. « Roman » annonce la couverture; disons une dérive immobile et spleenétique dans ce noyau d’incompréhension qu’est le Japon. Un hymne à la solitude, la vraie, pas celle de l’amoureux transi qui n’a pas de distance avec sa douleur et vous encombre de son « pathos ». Non, la grande solitude intérieure de Rilke, celle qui fait « aller en soi-même, et ne rencontrer, des heures durant, personne  » et qui vous grandit. Alors éclate une singularité souveraine.
Inutile de dire que vous ne trouverez pas chez Didier da Silva le Tôkyô de madame Coppola.
Le corps est dans l’âme disait Jules Lagneau; quand on a lu Didier da Silva, on le sait.

* Didier da Silva est né en 1973 à Marseille, où il vit. Quand il n’écrit pas, il joue du piano. Hoffmann à Tôkyô est son premier roman (présentation de l’éditeur Naïve).
Son blog « Les idées heureuses » est un détour obligé.

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Patrick Corneau