C’était une beauté froide d’une grande élégance intellectuelle. Parfois, elle me rendait visite dans l’après-midi. Nous nous installions dans les fauteuils de part et d’autre de la table basse et devisions de tout et de rien. En fait nous commentions des goûts de lecture communs. Dans cet austère appartement qui surplombait la vallée de la M., la nuit d’hiver venant, par une sorte d’accord complice nous nous mettions à parler de plus en plus bas à mesure que la lumière s’en allait, créant une atmosphère de beau et étrange bonheur que, sur le moment, je n’avais l’impression de vivre que pour pouvoir m’en souvenir vingt-quatre ans plus tard.
Illustration: photographie de Aurélia Frey
De la sérénité dans ce souvenir. J’aime aussi la photo où l’eau et le ciel se confondent.
« le souvenir d’une certaine image n’est que le regret d’un certain
instant; et les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives,
hélas, comme les années. »
Merci pour ce commentaire proustien (Du côté de chez Swann, A la recherche du temps perdu) 😉
La mélancolie est effectivement grâcieuse (la vôtre).
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