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Après nous avoir bluffé avec le presque rien et même le moins que rien, nous avoir propulsé dans la quatrième dimension, la télévision nous a offert hier soir l’Apocalypse. Pas moins. Des historiens et des théologiens déboulent dans notre salon pour nous expliquer posément, calmement pourquoi et comment l’occident est devenu chrétien, ce que ne démentira aucun d’entre ceux qui estiment que l’abbé Pierre ou sœur Emmanuelle sont les « personnalités qu’ils admirent le plus » (sondages dicunt). Bref, des hommes et des femmes parlent. Des catholiques, des protestants, des juifs et sans doute même des agnostiques. Filmés de face sur un fond noir, dans une lumière soignée qui modèle leurs traits, ils nous regardent et s’adressent à nous. L’intelligence, la compréhension des textes éclaire leurs yeux où passent l’ombre et la lumière, le doute et la certitude. Parfois ils cherchent leurs mots et se détournent pour mieux voir en eux-mêmes ce qui peine, résiste à l’explication ou l’interprétation. On est impressionné par la sûreté, la justesse de leurs paroles, nécessairement « lissées » au montage. De temps en temps, ils ouvrent un livre. On entend le bruissement que fait une page. Mais qui, aujourd’hui, entend encore une telle ténuité, une telle délicatesse? Qui écoute une voix qui vous explique pourquoi vous êtes chrétien sans le savoir? Pourquoi vous l’êtes et l’avez oublié? Qui permet d’être dérangé de son sommeil laïc? Qui accepte qu’on lui rappelle les fondements « humains, trop humains » de sa foi?
Oui, cela se passe à la télévision, un samedi soir, en prime time. A la même heure sur une autre chaîne, autre soirée, autre ambiance. Des petits malades, des stars, des chansons. Calogero, Alain Souchon, Benjamin Biolay, Julien Clerc et Carla Bruni nous disent des choses en musique, avec d’autres paroles. Où sommes-nous? A quelle distance du discours évangélique? Si loin?

Illustrations: documents ARTE

  1. calystee says:

    Sans offense, et pardon pour la cuistrerie: « sondages dicunt » (présent) ou « sondages dixerunt » (parfait). Ne m’en veuillez pas: je suis prof de latin!

    Merci pour votre exactitude. Mon latin, il est vrai, est un peu lointain… 🙂

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Patrick Corneau