Avant-hier soir j’ai eu grâce à France 2 une expérience quasi mystique. J’étais confortablement installé sur mon canapé quand soudainement j’ai ressenti l’appel du vide. Oui, le VIDE, le rien, le néant, l’abîme entre 20h55 et 22h45. Comment est survenue cette sainte notion du rien, cet ineffable vide que tant de moines, pères du désert, mystiques rhénans et autres bouddhistes et taoïstes ont recherché?
En regardant Clara Sheller, incarnation infinitésimale (si l’on peut dire) du presque rien, du je-ne-sais-quoi, de ce « si peu de chose qu’on ne peut le connaître » comme dit Pascal (Pensées, I, 162). Bref, il faut remercier la production de France 2 de nous amener à de telles extrémités. Après 110 minutes passées dans le cerveau d’un surmulot parisien de sexe femelle qui vous a entretenu de ses réflexions, soucis boboesques s’ébattant dans l’infrasubliminal, que dis-je dans l’Ungrund et même l’Urgrund heideggérien, on sort ébloui, illuminé comme un hibou par le néon des devantures et des cafés.
C’est une grande leçon de modestie dans l’art de l’insignifiance. On ressort de ces vacuités télévisuelles bousculé, chaviré: le cœur n’y est plus et l’esprit met longtemps à se réadapter…
Illustration: Zoé Félix alias Clara Sheller dans la saison 2 de la série éponyme, photographie © LYDIE/LORENVU/NIVIERE/SIPA
Absolument! Totalement ébloui! Et le mot est faible!
Elle est pourtant jolie, le « surmulot »…
… et « Télérama » du 12 novembre, page 134, fait un éloge dithyrambique de cette série – que je n’ai pas vue, à mon grand regret, car j’adore Jack Kerouack.
Oui, vous avez manqué le « Rien » et c’est fort dommage… 😉
C’est bien fait pour vous, cher Lorgnon ! Vous saurez qu’en matière de télévision, il ne faut pas s’aventurer sans protection, ce que vous avez fait. Je suis désolée de devoir vous le dire.
Pourquoi s’exposer ainsi? Prendre des risques pareils?
Nous avons manqué vous perdre à tout jamais. Non, ne recommencez pas.
Ou alors, si le gout du danger vous taraude, voyagez de compagnie, avec une trousse de premières nécessités : quelques cordiaux puissants, les grands auteurs que vous aimez, deux-trois poètes, un philosophe, des talismans ( des noms jetés face à l’écran peuvent tenir lieu d’exorcismes, ça s’est vu ) et si vraiment vous vous sentez perdu, n’hésitez pas, priez!
Mea culpa! Comme dit D. H. j’ai du me laisser séduire par le museau de la souris… Promis, la prochaine fois je baisserai le lorgnon sur mon chapelet... 😉
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