poussin.1227798312.jpgAvant hier soir France 2 à nouveau nous a fait entrer dans la 4ème dimension : Clara Sheller saison 2, épisodes 3 et 4.

Je passe sur le récit des tribulations sexuelles de la souris boboesque dont la complexité échapperait même à un enfant surdoué en fin de maternelle (surtout si on lui a caché le sens des mots « niquer » et « pute »). Le personnage le plus remarquable de l’épisode 3 m’est apparu être Bernard, le poussin de 2 jours arraché par le surmulot parisien à une méchante fermière (« une ferme c’est crad et ça pue ») lors d’un accès de compassion écologico-bucolique (« la campagne c’est chiant, on peut même pas faire du shopping »). Après avoir tâté du triolisme sous la couette de Clara, Bernard trouvera une fin prématurée: lamentablement écrabouillé sous une bûche échappée des mains de la belle. Mais il sera dignement enterré par celle-ci sous un chrysanthème jaune « car ça fait plus joli »…

Où l’on voit par là que le réalisateur a su faire sien ce précepte d’Hugo von Hofmannsthal: « Il faut cacher la profondeur. Où ça? À la surface. » De l’entreprise périlleuse qui consiste à tirer du néant même des personnages des filaments de réalité pour faire un téléfilm regardable, Alain Berliner se sort honorablement.
Merci encore à France 2 de nous proposer ces choses grandes et magnifiques. On tremble à l’idée que de telles jouissances pourraient disparaître de notre horizon télévisuel avec la « réforme de l’audiovisuel public » dont on nous dit qu’elle entraînera immanquablement la disparition des programmes de qualité*…

* La veille, la qualité indéniablement était là avec « Une enfance volée: l’affaire Finaly ».

Illustration: « Bernard », photographie Scarlett Production/France 2

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Patrick Corneau