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Nommer (verticalités de la littérature)

billfouche.1206629197.jpgA ceux qui me reprochent de mythifier à l’excès la littérature, j’aime à citer la phrase de Francisco Ayala, défense dont on excusera la radicalité, ne serait-ce que parce que cet écrivain espagnol est plus que centenaire:
« Moi, je dis que la littérature est essentielle, fondamentale. Tout ce qui n’est pas littérature n’existe pas. Car où est la réalité? Un arbre est réel parce que quelqu’un le nomme. Et, en le nommant, il suscite l’image inventée dont on dispose. Mais si vous ne le nommez pas, l’arbre n’existe pas. »
Et puis cette remarque de Peter Handke: « Pour moi, en tant que lecteur, rien n’est plus réel – ça dépend bien sûr de ce qu’il y a dans le livre – que quelque chose qui est écrit dans un livre, souvent bien plus réel que ce que je lis dans les journaux et que je vois à la télévision. C’est le rythme d’un livre, le rythme de quelque chose qui est à lire – Stendhal dit que c’est le lecteur qui donne le ton d’un livre -, c’est le rythme d’un livre qui pour moi contient le plus de monde. Pour moi, ça dépasse la musique. » (Vive les illusions, Peter Handke/Peter Hamm)
Aussi la disparition d’une librairie peut-elle être ressentie comme une véritable tragédie.

Illustration: « Mom reading », photographie de Bill Fouche

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Patrick Corneau