La convergence de champs disciplinaires aussi divers que l’ingénierie informatique, la neurobiologie, la psychologie cognitive, la génétique, influence aujourd’hui clairement le nouveau culte de la communication sans corps et sans intériorité porté, entre autre, par l’expansion d’Internet. A travers la célébration du virtuel se fait jour le désir de détacher la conscience du corps et, en même temps, de la « transférer » vers des robots plus intelligents, des avatars logiciels (voir l’immense succès de Second life) ou de la fondre dans une intelligence collective transcendante, d’une « noosphère » d’inspiration teilhardienne. Loin d’apparaître comme la source et l’aboutissement de la raison, l’homme est désormais perçu comme le dépositaire d’une intelligence complexe ne lui appartenant plus en propre puisque des « machines intelligentes » peuvent virtuellement le dépasser ou le remplacer. Après la mort du sujet et du concept de vérité*, la question de la mort de l’homme est à l’ordre du jour.
Les spécialistes réunis avant-hier soir sur un plateau de France 2 (Les secrets de votre cerveau) pour disserter autour de ces bouleversements, prenant acte de la « vexation » infligée par la science à notre image de l’homme, avaient l’air de s’émouvoir de la possible perte de ce dernier.
Peut venir alors une question parfaitement intempestive: le bilan général du type d’humanité auquel nous sommes parvenus (devenu une sorte de parasite de son propre écosystème), justifie-t-il un tel regret? Aujourd’hui de nombreuses communautés scientifiques considèrent ce modèle comme un « simple moment » dans l’histoire du monde, inadapté au regard de l’évolution et, en conséquence, transformable, dépassable. Non seulement homo sapiens ne serait plus la figure centrale, la finalité même des sociétés humaines, mais sa disparition serait nécessaire pour qu’advienne une étape supérieure de l’évolution.
Faut-il s’en réjouir? Faut-il s’en effrayer?

*Avec la « déconstruction » selon Derrida, la doctrine nietzschéenne des intensités selon Deleuze ou l’archéologie des pouvoirs et du « souci de soi » selon Foucault.

Illustration: « Narcissism, flower » photographie de Paul M. Woods

  1. Tony Pirard says:

    Comme dans le livre de Henrich von Däniken… »Revien des étoiles »,(En brésilien De Volta das Estrêlas) le conflit entre Cerveau humaine et la Machine Intelligentes,plus jours ou moins jours sera inévitable.Mais,ce que différe homo sapiens est deux choses plus important… »La criativité et le sentiment »,par cela que je réaffime qu’il continuera comme figure centrale.

    C’est parfaitement normale les conjectures de l’homme de où nous venons et pour où nous allons..!Et l’evolution commence et finis dans l’espècie humaine.

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Patrick Corneau