« Qu’on cesse donc de peindre l’avenir en noir! L’avenir est superbe. La génération qui arrive va apprendre à peigner sa carte génétique, à accroître l’efficacité de son système nerveux, à faire les enfants de ses rêves, à maîtriser la tectonique des plaques, à programmer les climats, à se promener dans les étoiles et à coloniser les planètes qui lui plairont. Elle va apprendre à bouger [sic] la Terre pour la mettre en orbite autour d’un plus jeune Soleil. Elle va comprendre le processus de l’évolution biologique et comprendre aussi que c’est l’éducation qui rend tolérant*. »
Après les conclusions du rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), rendu public avant-hier, ce bel exemple de bêtise endimanchée d’éloge de la science apparaît encore plus délirant et irresponsable… A qui est-il dû? A Yves Coppens, considéré comme l’un des plus grands spécialistes français de l’évolution humaine, titulaire de la chaire de paléoanthropologie et préhistoire au Collège de France…
* Le Monde, édition du 3 septembre 1996. Qu’on lise par comparaison le programme visionnaire de René Dumont, 1er Candidat Ecologiste en 1974 à une élection présidentielle, considéré alors par la classe politique comme un doux rêveur et qui proclamait « L’utopie ou la mort »! Aujourd’hui hélas, c’est la mort qui vient…
Illustration: photo extraite du film The Day after tomorrow, 20th Century Fox/AP.
C’est hélas tellement, tellement vrai !
Vous avez raison. Dumont n’était pas du tout « un doux rêveur ». Ses analyses et « prédictions » sur l’Afrique, par exemple, sont à présent totalement avérées. Qu’on se souvienne de « Afrique noire est mal partie ». 1962. Eventuellement… qu’on relise.
De quoi être atteint de mélancolie profonde pour le reste de nos jours !
Et alors? pas de révolte? pas de manifestation monstre avec des têtes de pollueurs plantées en haut d’un pique?
A part la lucidité propre à quelques veilleurs (mélancoliques parfois), il semble que les majorités se soient endormies, berçées par le confort (eau, gaz, internet à tous les étages…), l’extase consumatoire et les générosités du « wellfare state »… Comme disait Pascal (déjà!) : « Ma place au soleil » et après moi le déluge! Usurpons, usurpons! Eternel égoïsme de la bête humaine. Ou, plus platement, George Bataille: « La méconnaissance par l’homme des données matérielles de sa vie le fait errer gravement. » (« La part maudite », 1949). Oui, nous errons, grave.
Oui, nous errons, grave.
Et le plus navrant est la conscience aiguë de l’absurdité des têtes plantées en haut des piques. Tant de têtes plantées pour n’aboutir qu’à des transferts de pouvoir tout aussi néfastes !
D’où cette logique d’impuissance, cette « mélancolie », qui n’est pas abdication pour autant, mais entrée en résistance longue, tenace, transmissible.
La révolution, prise au sens de cycle inéluctable, cette roue qui bouleverse les ordres accomplis, finit toujours par s’accomplir.
Question de durée et de patience active, hors sans doute de l’échelle humaine.
Dommage!
Mais que sont les siècles pour la mer?
je me souviens..de la péniche du candidat Dumont, de sa bienveillance dans ses réponses aux questions d’une gamine très intéressée mais bien insouciante, comme ses contemporains!