Quand on reproche à un auteur de faire trop de citations*, j’entends le reproche qu’on faisait à Mozart d’écrire « trop de notes » ou je vois le pistolet que Goering sortait quand il entendait le mot « culture »…
La littérature c’est le multiple qui convoque le singulier pour se faire entendre. Les citations sont une stratégie pour amener des preuves qui doivent avoir autant d’intensité que le texte lui-même. Quand on lit une thèse, les citations seules suffisent pour connaître ce que dit l’universitaire. Il faut donc disposer d’une transversale, nécessaire dans les époques d’ignorance ou de croyances obscurantistes comme la nôtre. Il faut apporter des preuves qui se font par ces collages dont aucun ordinateur n’aurait pu fabriquer la pertinente variété. Le réel est une série de rencontres et de croisements, un rassemblement de chutes, d’intensités, de soubresauts, de sursauts. La logique calculante d’un ordinateur ne peut rapprocher les unes des autres ces choses qui nous paraissent inconciliables. Seule une pensée le peut.

* Dans ce blog, sans doute!

Photographie: © Le Lorgnon mélancolique

  1. Oui, entièrement d’accord avec vous. Tout le problème résidant dans ce qu’on entend par « bon escient » et quel est le critère du « bon », sachant que mon « bon escient » est parfois le « mauvais escient » de l’autre… Citer c’est extraire, choisir pour prouver, corroborer, confirmer mais aussi éclairer, faire naître un regard, ouvrir un point de vue différent, une résonnance intime qui fait surgir une perspective nouvelle ; cette opération est toujours contestable, elle engage les subjectivités et peut les mettre en conflit. De cette confrontation, on peut sortir enrichi.

  2. Posuto says:

    « Mais qui donc ose vous reprocher de faire trop de citations ! Tudieu ! Le maraud ! Je le pourfendrai sur l’heure ! »
    (Cette citation anonyme vous est gracieusement offerte par la maison)

  3. … et ce que je préfère à la note, à la citation, c’est le commentaire. Cette réflexion autour du bon et du mauvais escient, c’est faire une vraie gâterie à l’intelligence.
    Tiens! c’est encore plus beau que du Pierreassouline…

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Patrick Corneau