Rosebud (« bouton de rose ») plus que la métaphore issue du film Citizen Kane est un nom délicieux pour dire le secret, le point de singularité chez quelqu’un, le petit rien qui nous trahit en nous dévoilant aux autres – ce que Barthes appelait dans La Chambre claire le « punctum ». Punctum, c’est aussi: piqûre, petit trou, petite tache, petite coupure – et aussi le coup de dés de la rencontre improbable qui illumine un instant – parfois une vie entière. Le punctum d’un être ou d’une œuvre c’est une trace ou une fêlure qui, en lui ou en elle, me « point », me touche (mais aussi me meurtrit, me poigne). Ce peut être un objet, un geste, une anecdote, un mot, la page d’un livre. C’est juste un détail, mais un détail juste*. Un battement d’aile affinitaire qui déclenche en nous de petits séismes ouvrant sur le bonheur d’une surprise, d’une rencontre, d’une révélation…
C’est une rubrique nouvelle, inaugurée avec le billet d’hier.
* Merci à l’excellent Pierre Assouline de m’en avoir « soufflé » l’idée.
Photographie: le « rosebud » d’un être cher © Le Lorgnon mélancolique
Mais justement, cher Lorgnon mélancolique, quel est VOTRE Rosebud ?
(bon, je sais, je suis curieuse. Mais avouez qu’avec votre billet, vous nous encouragez à poser la question… puis, fébrile et tout à coup nombrilisite, on se demandera et mon Rosebud à moi, où est-il rangé, et de quoi a-t-il l’air, fripé, mal repassé, vulgaire, ou bien trop hermétique aux regards… Vastes questionnements…)
Quelle question redoutable! Si je le révèle – à supposer que je le connaisse, ce qui n’est pas certain – le lorgnon tombe… En fait (et ceci n’est pas une échappatoire) il est logé quelque part dans ce blog, comme le loup de la devinette qui se cache dans sa propre image au milieu des branches du pommier…
😉