DSC01051« Une femme s’avance en kimono. Ses épaules sont légèrement tombantes, comme pour être caressées par le tissu.

A la hauteur de son cou, le col blanc d’une sous-veste fait une transition douce entre le kimono et la peau.

Parfois, la sous-veste d’un kimono est plus somptueuse que le kimono lui-même. Il arrive qu’on l’aperçoive lors d’un coup de vent ou d’un déhanchement.

Iki (le chic) ne consiste pas à montrer ostensiblement mais plutôt à laisser découvrir. Comme cette belle étoffe de soie cachée au revers d’une veste.

En japonais, on dit de la beauté qu’elle remplit l’air (kaoru). A la façon d’une senteur.

Et bien plus qu’une senteur trop forte, ce ne sont souvent que quelques molécules flottant dans l’air qui rappellent un souvenir et font frémir le cœur.

L’encolure si gracieuse derrière la nuque de la femme en kimono n’est pas trop ouverte.

Pas comme ce peintre qui aimait tant les chats qu’il en avait toujours deux ou trois dans l’encolure de son kimono. »
Extrait de Iro mo ka mo, la couleur et le parfum de Ito Naga, Editions Cheyne.

Né en 1957, Ito Naga est astrophysicien, français ET faussement japonais (ou plutôt japonais par élection et par amour pour sa femme qui est japonaise), il tente d’approcher le Japon et ses habitants, dans leur apparence et substance. Iro mo ka mo, la couleur et le parfum, son deuxième livre paru chez Cheyne, a été réédité 4 fois.

Illustration: photographie ©Lelorgnonmélancolique.

  1. Celestine says:

    Charmante et délicieuse, comme l’idée que l’on se fait de la femme japonaise.
    Mais suggérer sans montrer est quand même une ligne de conduite universelle en matière de séduction…
    ¸¸.•*¨*• ☆

  2. « Universelle », vraiment? Il y a des cultures où séduire c’est « en mettre plein la vue », une sorte de « potlatch » où séduire c’est sidérer l’autre par l’excès, l’inouï… 😉

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Patrick Corneau