la-liberte-guidant-le-peuple-de-delacroixChaque nation a la fâcheuse tendance de croire que sa culture est la meilleure du monde, et, en tant qu’individu, et surtout voyageur, il est difficile d’échapper à cette conviction confortable.
Quand l’abbé Chappe d’Autroche, membre de l’Académie des sciences de Paris, publia son Voyage de Sibérie (1768), Catherine II de Russie réagit contre ce livre dans son Anti­dote (1770) et commente ainsi cette faiblesse humaine: « Je sais bien qu’on vous fait accroire que votre pays est le centre de la liberté, tandis qu’en effet vous êtes subjugué de corps, d’âme, de cœur et d’esprit. Toute votre nation se croit la plus libre qui soit dans l’univers, pourquoi cela? C’est qu’on lui apprend à se persuader qu’elle l’est. Les ora­teurs, les prêtres, les moines et tous les suppôts du gouver­nement ne cessent de vous bercer de cette chimère, com­ment résister à des témoignages aussi unanimes. »
Cette critique de l’impératrice dont on peut gager qu’elle serait reprise par l’actuel potentat de la Russie, ne s’applique pas qu’aux Français, elle vaut pour tous les peuples de la terre.

Illustration: Eugène Delacroix: « La Liberté guidant le peuple ».

  1. catherine says:

    Je ne pensais pas en écrivant cela sans presque réfléchir que la liberté tendre de Charlie Hebdo engendrerait des rejetons si hideux, qui ne supporteraient pas leur ton impertinent, et qui ne se sentiraient à l’aise que dans la bêtise outragée et meurtrière.
    Et voilà, les dessinateurs de Charlie Hebdo ont tiré leur ir-révérence.
    J’étais contente et émue de tous ces gens dans les rues.
    Ça aurait fait bizarre que les rues restent désertes ce dimanche, ça aurait eu un arrière goût de « matin brun ».
    Bien à vous
    Catherine

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Patrick Corneau