ladler.1223211384.JPGLa semaine dernière (France 5, 2 octobre), dans « La Grande Librairie », François Busnel (sourire commercial de vendeur de voiture) recevait Jean d’Ormesson (teint toujours aussi jaune, yeux toujours aussi bleus), Bernard Pivot (« personnalité-culte » venue cautionner l’émission), Laure Adler (« intellectuelle chic-choc tueuse » pour sa biographie de Simone Weil) et François Bégaudeau (« prof malin »). L’émission démarre, tour de table des convives, Madame Adler est présentée en 3 mots: regard au laser, le petit Busnel n’en mène pas large, il envoie un reportage « brosse à reluire » d’une minute trente sur la carrière de madame qui soudainement reparaît à l’image avec un sourire extatique… Les 34 ans de la vie de et les 34 000 pages de l’œuvre de Simone Weil sont expédiés en 3 minutes et 40 secondes. Extraits (surnageant au milieu d’une purée de banalités et de clichés simplistes):

« … le style de S. Weil, c’est absolument dingue !!! » (Madame Adler)

« … elle va essayer de se faire parachuter en France pour lutter contre les nazis, c’est quand même dingue !!! C’est fou !!! » (Madame Adler)

« … C’est une femme d’excès (B. Pivot). Oui, elle un peu barjot ! » (Madame Adler avec le doigt sur la tempe)

« ... Elle n’a pas peur de la mort (F. Busnel). Ben oui, elle en a rien à foutre ! » (Madame Adler)

Je m’honore d’avoir un peu lu Simone Weil et d’aimer autant l’audace et le courage de sa pensée que la beauté et la force de son style.
Je ne lirai pas Simone Weil l’insoumise de Laure Adler.

Illustration: Photographie France 5

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  1. Elsa says:

    Merci de l’info, même si je ne risquais pas de lire Laure Adler que j’ai rebaptisée Maléfice depuis les ravages – j’emploie ici ce mot dans un autre sens que celui qu’elle apprécie – qu’elle a fait à Radio France.
    Quant aux émissions littéraires …

  2. MAHO says:

    Oui, je suis assez d’accord sur la valeur de cette émission,
    d’ailleurs, devant tant de médiocrité j’ai fui.
    Mais je reconnais des qualités à Laure Adler,
    c’est pour moi, une conteuse remarquable et ces biographies ne sont pas sans intérêt. Je pense à son livre sur Duras, à son livre sur Arendt.
    Les émissions littéraires sont rares et médiocres.

  3. solange says:

    L’émission de Frédéric Ferney (autrefois) n’était pas si mal que ça. Samedi, les quelques phrases échangées au sujet de Simone Weil étaient désolantes, ce qui m’a beaucoup attristée. En revanche, j’ai cru que Pivot allait mener l’émission et s’occuper des invités. J’aurais peut-être trouvé ça drôle. Quant à Jean d’Ormesson « heureux et satisfait », content quoi ! (soupir). Bon, je ne me dépêcherai plus de déjeuner pour suivre les prochaines émissions.

  4. Caroline says:

    J’ai fermé définitivement la télévision depuis trois ans et demi. Que le monde est vaste sans elle !
    Les émission littéraires sont là pour faire la promotion des ouvrages porteurs des grandes maisons d’édition. Il n’est qu’à voir le plateau que vous décrivez, on est dans le « people littéraire » le plus absolu. Jean d’Ormesson passe très bien à l’écran, regard d’azur, humour et érudition… Mais qu’en est-il de la littérature, de ces grands moments solitaires de lecture quand, en un temps (très) limité, on doit faire le tour d’un livre ou en extraire les passages les plus truculents afin que le spectateur ne s’ennuie pas ? Est-ce que Bégaudeau (démago) a parlé de son envie de racheter le FC de Nantes ? Avec Pivot, ils auraient pu parler foot et l’émission littéraire serait devenue subrepticement une émission sportive ! Quant au parachute de Simone Weil, on n’a pas demandé s’il était doré, question de raccrocher avec l’actualité ?
    Elsa, je suis tout à fait d’accord avec vous quant à Laure Adler, mais malgré ses ravages, France Culture reste encore une chaîne « écoutable ».

  5. – Heureusement, Simone Weil (pas celle, institutionnalisée, qui mit un certain temps avant de s’élever contre l’idée de Madame Emmanuelle Mignon de faire porter l’identité d’un enfant juif sur le dos des élèves de l’école primaire…) plane au-dessus de ces phrases méprisables ou en tout cas bien vulgaires de la part d' »intellectuels » revendiqués.

  6. Mon Dieu ! Comment on parle du sacrifice d’une femme qui partit à l’usine pour être en accord avec sa philosophie. Pas étonnant d’Adler dont l’histoire ne retiendra rien, pas même son brushing !

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Patrick Corneau