bezoard.1204458445.jpgC’est en feuilletant le catalogue de la très belle exposition Mélancolie, génie et folie en Occident organisée par Jean Clair (Galeries nationales du Grand Palais, Paris, 13 octobre 2005 – 16 janvier 2006) que j’ai appris l’existence de cet étrange objet qu’est le bézoard (ou « pierre de fiel »). Il s’agit d’un corps étranger se formant par couches concentriques dans l’appareil digestif de certains animaux. Lorsqu’il atteint ou dépasse la grosseur d’un œuf de poule il constitue un objet d’immense valeur. Le bézoard constituait l’objet indispensable des cabinets princiers et au XVIIIe siècle les amateurs de curiosités se plaisaient à le collectionner. C’était la grande curiosité de ce siècle, d’autant plus que la découverte du Nouveau Monde en avait fait connaître de nouvelles espèces. Ces concrétions calculeuses de poils ou de débris végétaux étaient regardées comme ayant de grandes vertus curatives: on en obtenait une poudre considérée comme particulièrement efficace pour traiter divers maux dont la mélancolie (ce que faisait Rodolphe II de Habsbourg, empereur inverti et neurasthénique dont le cabinet de curiosités est devenu mythique). Contrepoison donc pour ceux qui, « se faisant de la bile », produisent des calculs urinaires (pierres), formes humaines de bézoards.

Illustration: Bézoard avec monture dorée (H. 11,6 cm), fin XVIIe siècle, Kunsthistorisches Museum, Vienne.

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Patrick Corneau