« Arrête-toi un peu de tourmenter cette souris et tiens-toi tranquille pendant une heure. Regarde. Mets la main là-dessus et constate que c’est une pierre, prends ceci dans la main et constate que c’est un bout de bois. Regarde par cette fenêtre, il y a là un merle; tiens, là une table; tiens, ici une paire de gants. Crois à toutes ces choses, vis avec elles, habitue-toi à les contempler paisiblement, sans chercher derrière ton écran des fantômes tremblants. Retourne à ces choses simples et sûres, résigne-toi à cohabiter avec elles, dans leur horizon étriqué, dans leur être modeste. Regarde à l’extérieur, laisse-toi aller au gré des saisons, de la faim, de la soif: la vie se débrouillera pour toi, comme elle se débrouille sans mal pour un arbre, pour un animal. Arrête de (te) fuir! »
Un jour, il suffit d’une minute d’inattention et l’on se rencontre à un coin d’âme comme si l’on rencontrait un fâcheux qu’on évitait soigneusement. On se voit et l’on comprend qu’elles étaient inutiles toutes les évasions de cette prison sans murs, sans portes et sans barreaux, de cette prison qu’est notre vie elle-même.
* Le surmoi ou l’ange gardien, selon l’obédience de chacun…
Illustration: photographie anonyme
Anonyme mais belle, et, beau texte !