Face à la déchéance de la parole publique (entre caquetage de basse-cour et langue gris béton), je déplore la disparition de la litote courtoise et de l’understatement anglais (“To name is to distroy. To suggest is to create.”, disait le grand William). Sachant qu’il y a des limites au concis, au lapidaire, à la retenue du « style maigre » (Morand, Hemingway…), ainsi ne ressembler en rien à ce poète anglais dont Chesterton disait qu’il était obscur parce que ce qu’il s’apprêtait à dire était si clair à ses yeux qu’il n’avait aucune raison de l’expliquer.

Illustration: Mies van der Rohe (célèbre pour avoir dit: « Less is More » et « God is in the details »).

  1. « To name is to destroy »…
    Diable! je voulais dire Dieu!
    « Au commencement était le verbe »…. c’est bien cela?
    Nommer, c’est appeler à l’existence?
    Et voilà que le doute…
    Diabolique (je dis bien diabolique) vision que celle obtenue à travers ce lorgnon magique qui nous fait percevoir notre monde en négatif, en réalité inversée!
    Mais on en redemande.

  2. gballalnd says:

    Je retiendrai « To name is to distroy. To suggest is to create »… A travers vos billets jetés sur la toile, vous semblez plutôt montrer un chemin entre les mots – qui serait éclairé par leur apparente limpidité – que les mots eux-mêmes.
    Mais cela n’est peut-être pas très clair…

  3. Merci pour vos commentaires. Dans la citation de Shakespeare, c’est la fin « To suggest is to create” qui importe pour moi. Il n’y a pas de littérature – selon moi – dans la transparence, l’explicite et même le compréhensible… Ces critères sont ceux de la parole « communicante » qu’elle soit journalistique, publicitaire ou politique. Les mots ne sont pas « clairs » et c’est le battement du sens qui fait la richesse et la profondeur d’un style et, bien sûr, le plaisir de la lecture (de ce fait plurielle). J’ai abordé cette conception de l’écriture dans divers billets déjà (directement ou indirectement), par exemple dans « Le passage des cavaliers », et y reviendrait sans doute… 😉

Répondre à gballalndAnnuler la réponse.

Patrick Corneau