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hmorganlettrine2.1266431300.jpgDifficile dans ce blog placé sous la bienveillante lumière de la mélancolie de ne pas parler de la Saudade. Il faudrait faire une anthologie des définitions proposées par les littérateurs, essayistes pour cerner cet énigmatique sentiment.

Platement, l’Encyclopaedia universalis propose: “la nostalgie, le regret mélancolique d’un bonheur lointain, perdu ou inaccessible” et “variations narcissiques sur la solitude et le regret”.

Dans Lexique Jean Grenier écrit:
“En portugais: nostalgie mêlée de tendresse.
‘J’en ai trouvé une bonne définition, dit Vieira da Silva, dans le titre de Proust: A la recherche du temps perdu.

En allemand Sehnsucht est une nostalgie mêlée d’ardeur.”

Le comte Keyserling dans ses Méditations sud-américaines la définit comme un “devenir et mourir.”

Jean Baudrillard: “La disparition n’est pas la mort, et la tristesse de la disparition n’est pas celle du deuil. Ainsi la saudade exprime non pas le deuil de ce qui est mort, mais la nostalgie de ce qui a disparu, avec (comme pour Sébastien et le Cinquième Empire) une lueur de résurrection.”

Ce pourrait être cette statue d’un exilé pleurant sur la patrie distante, réalisée par le portugais Soares dos Reis à Rome en 1870 – la plus célèbre pièce de sculpture d’un pays qui cherche bientôt dans son passé romain une raison d’être nationale.

Renversant ces tonalités languides, Clarice Lispector en fait une soif de vie, une boulimie pleine d’exubérance: « Saudade. Saudade, c’est un peu comme une faim. Elle ne passe que quand on mange la présence. Mais parfois le manque est si profond que la présence est peu de chose: on veut absorber l’autre personne tout entière. Ce vouloir un autre qu’a un être pour une union totale est un des sentiments les plus urgents qu’on a dans la vie. »*

Voici la dernière que j’ai lue dans Le voyage vertical de E. Vila-Matas: « J’avais vingt ans et, les premiers mois, quand je n’étais pas à l’hôtel, je passais tous mon temps à lire, à lire énormément et à pratiquer la saudade, qui était et est un sentiment qui m’enchante, même si je ne sais pas très bien en quoi il consiste, peut-être est-ce précisément la raison pour laquelle il me plaît, parce que chacun peut en faire ce qu’il veut. »

Pour moi, c’est ce “punctum”, ce pincement au cœur en écoutant certaines compositions de Jobim (As Praias Desertas, Retrato em Branco e Preto, Dindi).

* Clarice Lispector, La découverte du mondechroniques, Editions Des Femmes, 1995.

  1. aurélie says:

    J’ai été voir cette piece elle est magnifique la difficulté c kon é un peu distrai par le manke de parole é ds tt le monde il peuve faire conneitre la piece

  2. Danielle says:

    Saudade : se conjugue au futur antérieur… non ?

    Oui… Il y a tellement de définitions de la saudade, c’est un peu l’auberge espagnole; chacun y apporte un peu (projette?) ce qu’il est, non? 😉

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Patrick Corneau