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La nostalgie n’est plus ce qu’elle était…

PaulDzikferli4Dans son émission Répliques du 25.04.2015, Alain Finkielkraut s’en est pris à François Hollande qui, invité à l’émission dominicale de Canal+, Le Supplément, avait déclaré :
« La France n’est pas une nostalgie, la France est une chance et un avenir ». Vous pouvez entendre le coup de sang de Finky ici.
Rappelons que, quelques mois plus tôt, le Président de la République avait stigmatisé ceux « qui ont les yeux tournés vers le passé » : « Le patriotisme, c’est n’être jamais fatigué de servir son pays, le patriotisme c’est faire parler l’histoire pour mieux regarder droit devant vers l’avenir. Le patriotisme n’est pas une nostalgie, c’est une volonté. Celle de faire entrer la France dans le monde au premier rang, en préservant son identité, c’est-à-dire la république sociale. » (11 novembre 2014, Pas-de-Calais).

La mélancolie et la nostalgie font partie de la vie. Un bon moment que l’on passe est forcément mélancolique. On est très, très content, mais quelque chose nous dit, dans un coin de notre tête, que ça va passer; et que c’est passé. C’est fait. C’est comme… des vins qu’il ne faut pas déboucher, sinon ils perdent leur arôme, comme des tableaux qu’il ne faut pas exposer à la lumière…
La mélancolie, c’est la conscience profonde que nous ne sommes que de braves petits êtres en quête d’autre chose, mais qu’on ne saura jamais quoi. Et quand on le saura, ce sera grave.
Sempé

Illustrations: Photographie de Paul Dzik / Extrait de l’émission Répliques du 25-02-2015, « Comment peut-on être conservateur? » avec Jean-Pierre Le Goff, sociologue au CNRS, président du club Politique Autrement et Roger Scruton, philosophe anglais.

  1. Francøise says:

    -Ce beau visage d’homme. La semper justesse de Sempé. La généreuse exigence du veilleur Finkielkraut.
    Autant de réconforts. Autant d’antidotes.
    Merci à vous pour ce cadeau, ces trois élégances.

    Et puis:
    La nostalgie nous étreint au cœur même du lumineux. Saisis en plein cœur dans l’intime étrangeté de vivre. De vivre sous condition humaine.

    1. « En compensation de la privation d’événements posthistoriques, qui compte au nombre des caractéristiques du nouveau modus vivendi sur lesquelles on peut globalement porter une évaluation positive, même si elles sont difficiles à comprendre, la civilisation contemporaine a produit une série de succédanés qui sont perceptibles à tous les niveaux et passent outre la différence entre civilisation noble et civilisation de masse. Je ne citerai ici que deux expressions particulièrement flagrantes de cette tendance : d’une part, l’omniprésence du principe de mise en scène dans la culture contemporaine de l’event ; d’autre part, ce remplacement des événements réels par les événements du souvenir, phénomène qui a débouché sur une industrie florissante du jubilé — une grande cuisine où seul compte le réchauffé. » Peter Sloterdijk, Ma France, Maren Sell, 2015.
      Il me semble que le président Hollande est un bon symptôme du phénomène analysé par Sloterdijk, il est même passé maître dans l’art du « réchauffé ». 🙂

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Patrick Corneau