À la fin de leur carrière, en remerciement de bons et loyaux services, les samouraïs japonais avaient le choix entre un lopin de terre et l’un de ces anciens bols coréens faits dans de pauvres matériaux, teintés par l’eau et le thé; le plus souvent, ils choisissaient ces « bols tachés de pluie ». Appréciés par les maîtres zen pour leurs bosses, leurs craquelures et leur aspect irrégulier, ces bols étaient le symbole même d’un idéal: vide du mental, espace pour le mystère, reflet de la nature profonde de l’homme.
Toute ressemblance avec des préoccupations actuelles n’est pas fortuite et les rapprochements, réflexions qui peuvent passer par la tête du lecteur sont les bienvenus.
Illustration: photographie ©Lelorgnonmélancolique
pour reprendre votre dernière citation de flaubert, expurgée des connotations péjoratives ou autres induites par l’emploi de certains termes, en voici une version bouddhiste:
« la réelle action est non-action, tout le reste n’est qu’agitation »
je pourrais aussi vous offrir « toutes choses sont libres du langage » mais ceci ne dépend que de votre propre regard (on trouve cela à la fin du lankavatara ou « sutra de l’entrée à lanka » – fayard, trésors du bouddhisme, 2007 -)
Rebondissant sur la notion de transcendance dont l’absence, si j’ai bien compris l’un des billets précédents, semblait vous gêner -ce que je partage- je vous propose la notion d’immanence. Cette notion assez peu prisée, que je n’arrive pas vraiment à percevoir nettement, ne fait-elle pas écho à la simplicité et la rusticité volontaire de ce bol ?
Le Tao est un bol mouillée de pluie assez grand pour contenir la vie d’un homme.
Vous avez lu les sages taoïstes ? Certains sont grandioses dans leur miminum.
Sinon, voici un beau lien pour de la poésie chinoise et le Yi-king : http://wengu.tartarie.com/wg/wengu.php?lang=fr&l=bienvenue
La retraite ? Mais qu’est-ce que c’est ?
Ouf ! j’ai eu peur. Le titre …
et « tachés de pluie », cela me plaît beaucoup, beaucoup.
Quant au symbole, le contraire du vide destructeur, espace pour le mystère et la beauté. « Oeil ouvert et coeur battant » (le « grand » dernier de François Cheng).
« Dès qu’un être naît, il est assez vieux pour mourir ». (Heidegger) Et quand on est assez vieux pour mourir, il est grand temps d’avoir pris conscience de son Dassein !
La lutte du pot de terre contre le pot de fer : toujours la même vieille histoire … 🙂
pour le mystère, je ne sais, mais pour l’espace, j’en suis sûre (l’espace intérieur je veux dire, et la liberté de penser…)