misstic-2.1289927301.jpgEn passant, un coup de griffe « lacanophobe » lu dans le dernier ouvrage de Frédéric Schiffter:

« Toujours à l’époque de mes années d’univer­sité, une mouvance psychanalytique moderniste politiquement non engagée, mais versée dans d’étranges rituels appelés « cartels », tenait Freud pour un vague précurseur de Jacques Lacan. Je vis des reportages sur le bonhomme. Avec ses chemises à pois et ses petits cigares en trom­pette, il me fit l’effet d’un farceur un peu dans le genre de Dali – qui, je l’appris, l’influença. Curieux, je me procurai certains de ses Sémi­naires. Je n’y entendis que goutte. Pourtant, nombre de gens autour de moi semblaient accé­der à ce qu’ils appelaient cette nouvelle « épisté­mè » de l’Inconscient où d’intrigants objets « petit a » le disputaient en importance concep­tuelle à de non moins troublants « mathèmes » et autres « nœuds borroméens ». En discutant avec des lacaniens de rencontre, je comptais qu’ils éclairassent ma lanterne. Comme la plu­part étaient psychiatres et psychologues, je me disais que j’avais affaire à des praticiens et des cliniciens, soit des esprits soucieux de clarté théorique. Or non seulement je m’aperçus qu’ils en étaient au même point de compréhension que moi, mais qu’ils prenaient plaisir à jargon­ner tant et plus à la manière de leur mentor, dans l’unique but de se pousser intellectuelle­ment du col auprès de leurs confrères. « La meilleure façon de cacher les bornes de son savoir est de ne jamais les franchir », recomman­dait Leopardi. Chaque fois que je commerçai avec un émule du Docteur Lacan, c’était pour moi sujet de ravissement de voir avec quelle application ce Diafoirus de cabinet, d’hôpital ou de dispensaire, méprisait ce conseil. »
Frédéric Schiffter, Philosophie sentimentale, Flammarion, 2010, p.152-153.

hmorganlettrine2.1289927463.jpgVous pouvez écouter l’interview que ce « philosophe sans qualités » a accordé à France Culture (« Les Nouveaux Chemins de la Connaissance ») le 10 septembre 2010.

Illustration: photographie de Gonzalo Hernández Araujo/Flickr

  1. Rodrigue says:

    Intéressant cet entretien. Je crois que Lacan avait des idées assez justes sur l’altérité. Mais ces idées sont très banales et très communes: il s’agit de l’importance de comprendre et aimer les autres pour son propre épanouissement. Seulement comment se faire entendre quant on a des idées aussi simples et que l’on est psychiatre? Lacan est la réponse.

Répondre à RodrigueAnnuler la réponse.

Patrick Corneau