L‘acte de lire, la lecture sont au cœur de la livraison printanière de la Revue Des Deux Mondes à l’initiative d’Édith de La Héronnière. Cette dernière s’entretient avec Stanislas Dehaene titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France. Dans cette longue et passionnante « Radiographie de la lecture », j’ai retenu ce passage sur le difficile sujet de l’apprentissage de la lecture et de l’orthographe:
« En italien non seulement tout le monde apprend à lire, mais cela se fait en quelques mois : en trois mois d’école, en Italie, vous savez lire. De plus, les Italiens ne font pas de dictées, ils n’épellent pas les mots, tout cela n’a aucun sens parce que leur langue écrite est transparente : chaque lettre correspond à un son. La seule difficulté en italien c’est l’accent, qui pose d’ailleurs des difficultés aux Français, qui ne savent pas où le placer. Historiquement, l’accent n’est pas marqué dans l’écriture de l’italien. Tout le reste est extrêmement facile. (…) On trouve une comparaison frappante entre les pays européens qui montre qu’après un an d’apprentissage de la lecture, les enfants français présentent encore d’immenses difficultés à lire un mot sur trois – ce qui n’est pas le cas en Italie, en Allemagne ou en Finlande. Seule une langue est plus complexe, c’est évidemment la langue anglaise, dont l’irrégularité est catastrophique. Il est stupéfiant de voir que nous avons choisi cette langue-là pour notre communication internationale, particulièrement à l’écrit, alors que c’est une des langues les plus difficiles à lire et à écrire.
Sans nécessairement plaider pour une réforme de l’orthographe, qui me paraît bien difficile ou même utopique, je pense qu’il faut que nous soyons conscients du coût énorme qu’entraîne le maintien de notre orthographe avec toute sa complexité. Quand un comité discute de la réforme de l’orthographe, il s’agit en général de personnes distinguées qui savent très bien lire et qui ont totalement oublié l’impact de la complexité orthographique chez le jeune enfant. Nous sommes tous très attachés, à juste titre, à notre langue. Mais il faut savoir que ce sont deux à trois années d’apprentissage supplémentaires cher l’enfant français et anglais par rapport à d’autres pays européens. Ces différences énormes vont peser sur toute la scolarité de certains élèves en difficulté. »
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« Mais il faut savoir que ce sont deux à trois années d’apprentissage supplémentaires CHEZ l’enfant français et anglais par rapport à d’autres pays européens. »
Ben oui cher ami, chez nous qui parlons et écrivons le français, la complication est rude !
a più tardi…