Pour Cristina Campo, la meilleure définition du style était celle que d’Annunzio avait donnée: « une puissance isolante ». Ainsi tout Modiano (cette douce mélancolie des choses passées, des occasions manquées) est-il dans cette simple phrase: « Les circonstances avaient fait qu’entre nous il n’y avait pas eu ce qui s’appelle le lait de la tendresse humaine. »
Pourtant, je ne sais plus qui disait que moins on a de style, plus pur sort le mot nu. Serait véritablement écrivain celui qui ne s’est pas laissé bloquer dans un style, dans « son » style! Lequel pouvait devenir un label, c’est-à-dire une limite, et finalement un handicap. Aller suffisamment loin dans l’écriture pour que le style ne puisse plus suivre. L’échappée belle.

Illistration: « Runaway », photographie de Branko Korelc

  1. gballand says:

    Pour ne plus avoir de style, il faut déjà en avoir eu… Lorsque la nudité s’installe, la phrase n’ y perd-elle pas une partie de sa fragile humanité… et au profit de quoi ?
    L’échappée belle, si elle existe, doit avoir la rareté et la briéveté du rayon vert…

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Patrick Corneau