J’aime lire, relire cette profession de foi du grand Vialatte – très pascalienne (« esprit de géométrie » versus « esprit de finesse »), elle me conforte dans quelques choix et des fidélités de fond.

« La science explique le monde, elle répond aux questions. Elle veut savoir. La littérature veut s’étonner. Elle est à base d’éblouissement. Elle ne répond pas, elle questionne. Elle prend plaisir à ne pas comprendre, comme un enfant devant le prestidigitateur. Elle est en état de fascination. Le poète aime mieux être ébloui que renseigné. Ce qui la passionne, ce n’est pas le pourquoi, c’est le comment. Comment les choses se passent. Car on n’y comprend rien. On s’y trouve tellement habitué qu’elles paraissent toutes naturelles. Mais arrêtez-les une seconde. Ou regardez-les passer en restant immobile, et vous n’y comprendrez plus rien. Un instant d’attention et tout devient un mystère.(…) C’est la tâche de la littérature de rendre ce mystère des choses. Elle a pour rôle de faire le portrait de l’indicible. »

Alexandre Vialatte, « Les sentiers de la création, Ionesco ou l’émerveillé » dans Et c’est ainsi qu’Allah est grand.

  1. Posuto says:

    Vialatte ! Si par mégarde on sent un moral bas pointer son nez, qu’on lise les premières pages des Fruits du Congo, et hop ! (ce médicament n’est pas remboursé, mais il est efficace)

  2. Merci, docteur! Oui, tout Vialatte est une formidable pharmacopée pour soigner la « tristesse longéviste » ou empêcher la morosité (à l’exception peut-être du sombre « Le Fidèle Berger », récit halluciné inspiré de son expérience de la captivité…).
    🙂

Répondre à PosutoAnnuler la réponse.

Patrick Corneau