Le jeudi 11 juin 1998 est une date quelconque. Malheureusement. Elle fut pourtant le jour de l’annonce d’une découverte dont nous n’avons pas mesuré l’importance. Car c’est un point d’écrasement de l’espace-temps…
En effet, la semaine précédant cette annonce, une tribu inconnue n’ayant encore jamais eu de contact avec la civilisation avait été repérée en pleine forêt amazonienne par une équipe de la FUNAP (Fonds des Nations Unies pour la population) après avoir survolé l’état d’Acre à la frontière du Pérou. Sydney Possuelo, le responsable du Département des Indiens Isolés, a indiqué qu’après quatre jours de survol de forêt dense et inaccessible par voie terrestre, l’équipe a distingué une douzaine de huttes collectives d’une quinzaine de mètres de long chacune. Il n’y a pas eu de contacts avec la tribu estimée à 200 individus, a-t-il précisé.
Nous ignorons sa répartition, sa langue, ses coutumes, son ethnie.
Nous l’ignorerons toujours et c’est tant mieux. (1)
Deux postes de surveillance ont été héliportés et installés dans la jungle. Les miradors ont été reliés avec des fils de fer barbelé. On sait que l’homme (l’ONU) protège le paradis (2) où qu’il soit (parfois à la façon de la Croix-Rouge à Theresienstadt).
Le Brésil est l’un des rares pays au monde à posséder une « tache blanche » sur sa carte, sorte de « man’s land » utopique (« non-lieu ») où l’on préserve manu militari une des dernières énigmes anthropologiques de la planète.
A peine un an avant cette découverte, le 15 octobre 1997, la NASA et l’ESA lançaient Cassini-Huygens, la 1ère mission spatiale consacrée à l’exploration de Saturne et de ses satellites… (3)
(1) En territoire colombien, leurs voisins les Nukaks, chassés de la forêt amazonienne meurent à notre contact: grippe, dysenterie, suicide. Ils étaient 1200 en 1987, ils ne sont plus que 500.
(2) D’après certains linguistes le mot « paradis » (du grec « paradeisos ») viendrait d’un vieux mot persan « apiridaeza » signifiant « enclos ». Paradisiaque définit donc tout ce qui est clos de palissades.
(3) Voir mon billet du 6 janvier.