Les autres nous obligent toujours à être comme ils nous voient ou comme ils veulent nous voir. De ce point de vue, la présence ou la compagnie des autres est ambiguë et pernicieuse, elle réduit la liberté dont nous devrions disposer pour construire une personnalité et une identité conformes à notre façon de nous voir nous-mêmes.
Penser que nous sommes ce que nous croyons être est l’une des formes du bonheur. Les psychologues appellent cela la « congruence ». Mais les autres sont toujours là pour nous voir autrement et nous empêcher de construire ce bonheur illusoire et, en conséquence, notre personnalité préférée – personnalité très souvent plus complexe, il est vrai, que celle d’un personnage de fiction. Aussi sommes-nous déchirés entre la volonté ferme d’être nous-mêmes et le constat que ce sont toujours les autres qui nous créent.

Comme disait un psychiatre: « Je ne sais pas qui je suis, mais je souffre quand on me déforme. »

Illustration: Persoas V – Poluicào demogràfica, 1977, Millôr Fernandes.

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Patrick Corneau