Une femme, dépassée par les débordements d’un fils « difficile », avoue devant une caméra de télévision « qu’elle ne le gère plus. » Quelque temps avant j’avais entendu une conversation entre deux femmes à propos d’une amie commune qui ne réussissait pas à « gérer sa séparation ». Tout devient objet d’une bonne ou mauvaise gestion. Gérer son budget, son temps, son énergie, son angoisse et même, c’est un comble, gérer ses sentiments, ses passions ou les conduites d’autrui. De fait, le vocabulaire marchand gagne ce qu’il y a en nous de plus intime, de plus obscur. J’ai honte pour ces femmes qui entendent vouloir gérer la folle douleur d’une rupture comme leur apéritif du soir, à petites gorgées… Que j’apprenne à « négocier » mes tensions, mon angoisse, qu’on me prescrive un mode d’emploi, décidément, non!

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Patrick Corneau