« […] II n’y aura de bonheur pour vous, écrivait Giono, que le jour où les grands arbres crèveront les rues, où le poids des lianes fera crouler l’obélisque et courber la tour Eiffel; où, devant les guichets du Louvre, on n’entendra plus que le léger bruit des cosses mûres qui s’ouvrent et des graines sauvages qui tombent; le jour où, des cavernes du métro, des sangliers éblouis sortiront en tremblant de la queue. »

Célébrons Elzéard Bouffier, ce vieux berger d’une nouvelle de Jean Giono, qui avait planté seul, au début du vingtième siècle, sur cette région qui s’étend du cours de la Drôme à celui de la Durance, des forêts entières de chênes, grâce auxquelles, l’eau, la vie puis les hommes revinrent. Dans ce texte publié pour la première fois en 1953 par le Reader’s Digest, Giono écrivait :

« Pour que le caractère d’un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années. Si cette action est dépouillée de tout égoïsme, si l’idée qui la dirige est d’une générosité sans exemple, s’il est absolument certain qu’elle n’a cherché de récompense nulle part et qu’au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles, on est alors, sans risque d’erreurs, devant un caractère inoubliable. […] Quand je réfléchis qu’un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire surgir du désert ce pays de Canaan, je trouve que, malgré tout, la condition humaine est admirable. Mais, quand je fais le compte de tout ce qu’il a fallu de constance dans la grandeur d’âme et d’acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je suis pris d’un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su mener à bien cette œuvre digne de Dieu. »

Illustration: photographie ©Lelorgnonmélancolique.

  1. gilles says:

    Bonjour,
    Un grand merci pour vos excellents billets illustrés. Auriez-vous la gentillesse de révéler le lieu où vous avez pris cette photo en regard des citations de Giono? Ce groupe d’arbres est incroyable : il faut y regarder à deux fois pour vaincre l’illusion d’être face à une peinture. C’est ce qui se produit en général quand la nature imite l’art!
    Bien à vous

    1. Bonjour Gilles,
      Merci pour vos commentaires. Le groupe d’arbres a été photographié dans le parc du Buen Retiro (près du musée du Prado) à Madrid. Je n’en connais pas l’espèce mais leur forme d’ « arbres en forme d’arbres » est surprenante… J’ai l’impression qu’ils sont sculptés par la main d’un jardinier artiste.

      1. Cédric says:

        J’ai trouvé ! 😉

        Il s’agit de Cupressus sempervirens « encore appelé cyprès commun, cyprès sempervirent, cyprès toujours vert, cyprès d’Italie, cyprès de Provence, ou encore cyprès mediterranéen est un arbre de la famille des Cupressaceae. » ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Cupressus_sempervirens )

        On peut les voir plus en détail ici : http://www.nerjarob.com/nature/2012/09/mediterranean-cypress/

        Et ici : http://tree-species.blogspot.be/2009/03/sculptured-cypress-trees-retiro-park.html

        où on peut lire  » This tree species is most often found with its columnar form but as you can see from these images it can be shapped into almost any form.  »

        Au plaisir !

  2. Cédric says:

    J’ai trouvé ! 😉

    Il s’agit de Cupressus sempervirens «  encore appelé cyprès commun, cyprès sempervirent, cyprès toujours vert, cyprès d’Italie, cyprès de Provence, ou encore cyprès mediterranéen […] un arbre de la famille des Cupressaceae. » ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Cupressus_sempervirens )

    On peut le voir plus en détail ici : http://www.nerjarob.com/nature/2012/09/mediterranean-cypress/

    Et ici : http://tree-species.blogspot.be/2009/03/sculptured-cypress-trees-retiro-park.html

    où on peut lire : « This tree species is most often found with its columnar form but as you can see from these images it can be shapped into almost any form. »

    Au plaisir.

  3. catherine says:

    Pour l’expression « criblé d’air », ce poème intitulé « arbres », de Philippe JACCOTTET m’enchante
    « Du monde confus, opaque,
    des ossements et des graines,
    ils s’arrachent avec patience
    afin d’être, chaque année,
    plus criblés d’air »
    Catherine

Répondre à Louise BlauAnnuler la réponse.

Patrick Corneau