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ferli4.1298202648.jpgCe petit livre dont vous venez de lire deux extraits mérite plus qu’un détour. C’est une sorte d’abécédaire des singularités entre la France et le Japon. Plus qu’une invitation au voyage et à la compréhension d’une culture aux antipodes de la nôtre, il est aussi etjanvier3.1298202170.jpg surtout une élégante et convaincante incitation à se battre pour le maintien des différences (du « différent » comme réalité irréductible*), la reconnaissance des idiosyncrasies et le respect du genius loci, toujours et davantage dévastés par le rouleau compresseur de la globalisation et de la culture de masse. Car si « La distance est la condition de l’échange », elle est aussi la clé de l’amitié respectueuse (la sacro-sainte « interculturalité ») entre individus acceptant de perdre de vue leurs clochers. « Plus nous sommes attaqués par le néant, plus la résistance doit être passionnée » écrit Hölderlin. Ce livre, sans en avoir l’air, est un livre de résistance.
[La premère entrée, consacrée au mot « Amour » et qui donne l’explication du titre, vaut à elle seule l’achat
du livre.]

* Victor Segalen qui en a fait la source même de son esthétique du Divers, l’a qualifié de « perception aïgue et immédiate d’une incompréhensibilité éternelle ».

Elena Janvier, Au Japon ceux qui s’aiment ne disent pas je t’aime, Arléa, janvier 2011. (« Elena Janvier » serait un pseudo qui cacherait l’identité des trois auteures qui ont réuni cette compilation de regards croisés, fruit d’une longue cohabitation avec des Japonais du Japon, un peu dans l’esprit du savoureux ouvrage du R.P. jésuite Luís Fróis).

Illustration: photographie ©Lelorgnonmélancolique

  1. lignesbleues says:

    – la différence comme fondement de l’échange : une référence aussi aux textes fondateurs du XXème siècle…

    – la biodiversité culturelle, oui, cent fois.

    – je me demande toutefois si nous ne vivons pas une rupture :
    d’un côté des frontières « mobiles » et, a contrario, le génie des lieux exacerbé par les intégrismes religieux et par le jeu économique mondial,
    de l’autre une diversification cloisonnée d’incommunications de cultures que, depuis facebook, on appelle « réseau social » (les adhérents de facebook appartenant à un macro-groupe !). Groupes propres aux réalités les plus diverses : économiques, classes d’âge, micro-géographiques etc. Un simple exemple « culturel » : la catégorisation des musiques aujourd’hui – disons depuis une cinquantaine d’années – quel terrain d’observation ! Voilà, c’est un peu fouillis, je reconnais …

    – Quant au Japon, tous les moyens sont bons pour chercher à comprendre : jeu des différences, jeu des sept erreurs, cinéma, lecture, voyage (c’est pas nouveau) et pour tenter de trouver quelques clés qui ne lèveront pas tous les secrets, d’où la fascination ?

    Merci pour ces lignes « programmatiques » pour nous mener « loin de la route sûre », et c’est tant mieux! 😉

  2. Rodrigue says:

    La seule façon de dépasser nos différences est dans un approfondissement commun de nos originalités particulières! Alors seulement, on peut découvrir quelque chose qui nous fonde et que nous avons interprété, décliné différement. Autrement dit, il faut aller vers l’autre qui est au fond de soi-même (« je » est un autre) pour rencontrer l’autre en face de soi, en chair et en os. C’est à l’opposé de ce plus petit commun multiple qui nous laminerait et nous rendrait tous semblables et interchangeables….

    Oui, s’efforcer de rencontrer « l’autre » en soi-même c’est faire un pas vers « l’alter-ego » qu’il soit Japonais, Américain, etc. 🙂

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Patrick Corneau