2803465130_cc3586e4e8.1248686869.jpghmorganlettrine2.1248766535.jpgMême si toute la vérité n’est pas dite, l’existence de l’inconnue excède toute fiction possible.
Elle était belle, et même très belle si l’on en croit les témoins. Elle était née à Hong-Kong il y a 37 ans et vivait à Paris. Elle a trouvé le point final de son destin dans un supermarché de la rue de Belleville un soir où elle faisait ses courses, un certain jeudi 29 juillet 2004. Un homme (sans domicile fixe) de 40 ans, se saisit d’un couteau, s’approche et, dans le dos, la poignarde. Elle décèdera au bloc opératoire dans la nuit sans avoir vu le visage de l’homme qui venait d’abréger sa vie. Le SDF rattrapé aux portes du supermarché a expliqué lors de sa garde à vue « qu’elle ne méritait pas de vivre parce qu’elle était trop belle ». L’homme semblait ne pas jouir « de ses facultés mentales » ont placidement précisé les policiers.
Tuer une femme pour l’unique raison qu’elle est trop belle c’est un signe. Et une étape: un jour, peut-être, quelqu’un sera poignardé par-derrière pour l’unique raison qu’il est en vie.
L’existence n’est qu’un mauvais roman. N’essayons pas de mettre de l’ordre dans le désordre mais un peu de courage dans la vérité.

Illustration: photographie de Aurélia Frey

  1. nomade says:

    ça ne consolera pas de le dire, mais tuer quelqu’un parce qu’il est trop vieux ou trop moche ou zinzin, c’est pas mieux non plus. Un certain Adolf avait déjà concrétisé le sujet.

    Hélas oui, on n’en finirait pas d’énumérer les exemples concrets de la banalisation du mal… 🙁

  2. Natacha S. says:

    Le commentaire de Nomade, c’est exactement cela. Moi, je m’égarais du côté du «Pavillon d’Or», de Mishima (le moine qui met le feu, la destruction, à la beauté insupportable), mais l’eutanasie n’est pas loin. Je n’avais jamais fait le rapprochement. Merci Nomade et Lorgon mélancolique. On n’est jamais assez attentif.

  3. Natacha S. says:

    Il faut lire «Lorgnon» mélancolique. Et voilà ce que c’est d’être trop pressé pour aller sentir dehors la nuit qui tombe!

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Patrick Corneau