aquamanile.1229162105.jpg

Comment l’amour change en bêtes les gens d’esprit!

Dans « Un peu de tout » (P. Ollendorff, 1896), Paul Eudel a raconté l’anecdote qui a inspiré l’ornementation de cet objet*:
« Aristote enseignait la sagesse à Alexandre. Craignez la femme! disait-il sans cesse. Son élève aimait alors passionnément une jeune indienne et Aristote voulait l’en détacher. Cette dernière, prévenue par Alexandre, résolut de se venger en séduisant le vieux barbon. Aristote ne tarda pas à être pris dans les filets de l’enchanteresse, qui lui déclara qu’elle ne serait à lui qu’après avoir chevauché sur son dos. C’était dur, mais ce philosophe morose était follement épris. Il céda. Sellé, bridé, il se transforma en quadrupède. La maîtresse d’Alexandre se mit en selle, et lorsqu’elle tint Aristote en cette posture ridicule, elle se mit à chanter un lai d’amour. Aussitôt Alexandre apparut et se moqua de ce grotesque équipage. Le philosophe s’en tira par une spirituelle moralité : Avais-je raison? Voyez comment l’amour change en bêtes les gens d’esprit! »

Illustration: Aquamanile « Le Lai d’Aristote », Bronze, Allemagne du Nord, fin du XIVe s.-début du XVe s., Musée départemental Dobrée, Nantes. [*L’aquamanile était un objet usuel au Moyen Age: il contenait l’eau destinée au lavage des mains. Le sommet de la tête s’ouvre pour recevoir l’eau qui se déverse ensuite par un robinet placé sous la gorge d’Aristote. Son usage était donc tant profane que religieux – (notice du musée)]

Répondre à totemAnnuler la réponse.

Patrick Corneau