Nos sentiments sont éphémères.
Un des plus fugitifs est le désir, ensuite l’affection, et, malheureusement, la confiance – le sentiment d’être à l’abri en quelqu’un – qui se brise, ou se brisera, lui aussi, à un moment ou à un autre. Il se peut aussi que l’amour, s’il existe et s’il persiste, s’approfondisse dans l’intimité en une affection sûre ou se dissolve en des félicités compliquées.
Les exigences de la vie – « tout l’effrayant de ce qui est » comme disait Montherlant – sont trop nombreuses, trop usantes pour que nos sentiments puissent leur survivre indemnes.
Reste à tricoter la maille de l’estime avec sa complice, la loyauté, laquelle n’est pas un sentiment, mais une décision, un parti pris de l’âme qui change en une nécessité le hasard des rencontres et la versatilité des sentiments. Ce n’est rien qu’un souffle d’éternité dans nos vies ondoyantes, mais un souffle quand même, et celui-ci, nous aidant à vivre dignement dans l’incertain, ravive notre commune humanité.
Illustration: photographie de Marina Cano
un souffle balayant tous ces faux problèmes dont chacun de nous à l’art d’agrémenter sa banale petite vie…
…
Oui, et il y a aussi les mots qui tissent les liens
les mots qui mettent de l’ordre dans nos hasards
on peut alors tenir parole et dans cette parole qui tient
c’est là seulement qu’on peut être à l’abri
dans une parole qui est tenue