cleves-copy.1216157184.jpg Cet été, l’un de mes « devoirs de vacances » c’est de relire le livre le plus honni, le plus décrié, le plus maltraité par qui vous savez: La Princesse de Clèves. C’est même faire preuve d’une certaine forme de résistance citoyenne que d’emporter Madame de Lafayette dans ses bagages, d’exposer fièrement ce monument de notre littérature aux embruns, au sable des plages hexagonales, et qui sait, à la stupeur des vacanciers. Pourquoi? Parce que la prose française y atteint d’emblée ses sommets (comme chez La Rochefoucauld): c’est le miracle d’un esprit délié, d’une prose déliée. Un sens du discernement lequel produit en littérature la concentration dans l’expression et d’où tout est venu, de la gastronomie au cinéma (le meilleur de cette tradition que nous qualifions, avec une certaine arrogance, d’ »exception culturelle »…). L’esprit délié se nourrit de certains rapports avec soi-même et autrui, il est ouvert sur soi et sur les autres. La « discrétion » y joue un rôle essentiel parce qu’il y a une profondeur particulière dans celle-ci, profondeur qui demande au lecteur un vrai travail. La prose qui précise ces rapports, qui est faite de ces échanges et veut toujours plus de rigueur, émeut au plus haut point. L’homme vit dans la mesure où l’esprit est capable de rapports assez délicats dans l’amitié, dans l’amour, dans les échanges. Il y a là des façons d’être, un art de vivre « aristocratique » (au vrai sens du mot, c’est-à-dire étymologique). Que les parvenus du pouvoir n’aiment pas.

On peut lire le texte en ligne sur le site de In Libro Veritas et les derniers développements de l’affaire chez P. Assouline.
Illustration: (photomontage) CarlaMarina VladySarkozy dans le rôle titre du film de Jean Delannoy, La Princesse de Clèves (1960).

  1. Dommage d’associer (même si je vois bien le trait humoristique) le nom de cette grande actrice, Marina Vlady, avec celui d’une fade poseuse de mode et piètre gratteuse de guitare. La photo en est comme salie.

    La version originale de la photo [« propre » 😉] est disponible en cliquant sur l’image.

  2. motpassant says:

     » la photo en est comme salie  »
    Il est navrant de constater à quel point on peut perdre tout contrôle de ses pensées !
    Passons !

    J’ai vu le film, j’avais une douzaine d’années et j’en suis encore traumatisé malgré le temps passé.

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Patrick Corneau