J’ai commandé un livre, l’ai attendu avec impatience. Enfin le voilà sur ma table. Commence un rituel que j’ai presque honte à décrire. La lecture étant un vice impuni, alors… Je tourne autour de l’objet avec avidité et répulsion à la fois. Le feuillette, hésite à entamer ma lecture. Je ne peux pas lire, mes pensées sont trop fébriles. Finalement je le repose et fais semblant de l’oublier. Je ne le cherche pas, mais butte sur lui. Je le compulse, le jauge à nouveau, caresse la couverture, lisse un coin de page, le retourne comme s’il pouvait avoir une existence séparée de la mienne. Je minimise son importance, finalement décide de m’y plonger. Je lis trop vite comme si je le connaissais déjà ou ralentis ma lecture au point de ne plus comprendre ce qui y est dit. Je le ferme brusquement car je veux prolonger mon plaisir. Un coup d’œil sur la tranche et je regrette de l’avoir dévoré presque. Ce n’est qu’un livre et j’en attends « monts et merveilles ». Comme l’espoir c’est un rien qui nous tient comme s’il était un commencement. Quelle folie!

Illustration: photographie © Le Lorgnon mélancolique.

  1. joséphine says:

    Oui, car le désir est de rester ouvert, pour toujours repartir. On brûle dans sa proximité, on souffre quand on s’en approche de trop près, délicieusement, on ne le sait qu’après. Lire c’est vivre. Vous avez raison.

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Patrick Corneau