L’heure du loup, c’est l’heure du crépuscule, où les chiens se confondent avec les loups. C’est celle où la montagne devient violette, comme le décrivait Alphonse Daudet dans La Chèvre de monsieur Seguin, où le ciel s’embrase (la « lessive d’or du couchant » rimbaldienne) et prend des airs de tragédie. D’après les Anciens, les forces maléfiques décuplent leurs pouvoirs. C’est l’heure – pour moi c’était invariablement vers les cinq heures du soir – où tous les enfants sont tristes: ils commencent à comprendre ce qu’est le temps (1).

(1) Enfant, ce même sentiment me gagnait à la fin du jour de Noël avec une poignance plus forte encore: les cadeaux étaient déballés, la mèche des bougies fumait, la guirlande du sapin semblait moins étincelante… A mon insu, je devenais « marxiste » en comprenant que les rêves (les utopies) sont morts dès qu’ils se réalisent.

Photo: © Le Lorgnon mélancolique

  1. Même oppression, enfant, le dimanche vers six heures, en hiver, coincée entre un week-end qui n’avait pas tenu ses promesses et une semaine interminable qui risquait bien de tenir les siennes…

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Patrick Corneau