Je ne commenterai pas les commentaires aussi creux que bavards (« caporalisme », « autoritarisme », « jupitérisme », etc.) qui ont entouré le « recadrage » par le chef des armées d’un vieux général après sa foucade devant des parlementaires. Quelle que soit l’issue de cette affaire, simplement, je donnerai à lire ce poème de Péguy qui dit admirablement tout ce que la douceur doit à la fermeté pour être crédible et efficiente:
« Quelle douceur, mon enfant, quelle fermeté dans la douceur, quelle douceur dans la fermeté.
L’une et l’autre ensemble liées indissolubles, l‘une poussant l’autre, l’une faisant valoir l’autre, l’une soutenant l’autre, l’une nourrissant l’autre.
La douceur tout armée de fermeté, la fermeté tout armée de douceur.
L’une enfermée dans l’autre, l’autre enfermée dans l’une, comme un double noyau dans un double fruit.
De fermeté.
Une douceur d’autant mieux garantie par la fermeté, une fermeté d’autant mieux garantie par la douceur.
L’une portant l’autre.
Car il n’est point de véritable douceur que fondée sur la fermeté,
Vêtue de fermeté.
Et il n’est point de véritable fermeté que vêtue de douceur. »
Charles PÉGUY, « Le Mystère des saints Innocents », Œuvres poétiques et dramatiques, Gallimard, La Pléiade, sous la direction de C. Daudin, 2014, p. 832-833.

Illustration: photographie ©Lelorgnonmélancolique.

  1. Pascale BM says:

    « J’apprends à voir que la plus grande douceur engendre la solidité, que souplesse se décline avec fermeté et qu’il y a dans la lenteur une extraordinaire efficacité. »
    (dans les dernières lignes du texte « fragmentations étonnées et douces » à l’affiche de mes acribies…). Certes, le contexte n’est pas le même, mais justement, le paradoxe ne s’inscrit pas alors seulement dans l’anecdote -serait-elle économico-militaro-politique- qui fait l’écume des jours, mais il se peut qu’il constitue un principe.

  2. Pascale BM says:

    et si la vague se fait ressac et la lame, lame de fond, l’écume a, en effet, disparu et le nageur avec elle. A moins qu’il n’aille rejoindre Aphrodite, chut!
    (bon, je sens que la chaleur est en train de me ramollir la cervelle! gloups…)

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Patrick Corneau