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Rencontre du 3ème type (et même du 4ème) chez Orange

1317ferliprotsCela faisait trois semaines que nous galérions avec la ligne chaude d’Apple. Malgré des intervenants aussi intelligents qu’une poubelle à pédale en plastique primée au Concours des Arts ménagers 1965 cornaqués par des « superviseurs » extralucides, notre wifi restait défaillant. Finalement, le verdict tomba: c’est Orange, c’est la box, faut la changer! D’Apple à Orange (tiens, des fruits) nous voilà donc partis avec notre box reposant piteusement au fond d’un sac Franprix avec tous ses fils, cordons et appendices.
Quand nous entrâmes dans la boutique, trois clients nous précédaient avec des mines accablées: ils étaient en manque, en manque de connexion, tous souffraient d’une relégation hors du cyberespace… Après 20 minutes à contempler les présentoirs garnis de smartphones, à échapper aux images subliminales de clips vantant le paradis de la techno-sphère selon Orange, ce fut notre tour.
C’était un p’tit gars à lunettes, à la voix douce assez haut perchée, avec un accent « channtant » (très séduisant pour un Parisien) mais avec une lueur roublarde dans le regard qui me rappela Donald Trump. Ma moitié (d’orange) exposa notre désespoir wifiesque en quelques phrases émouvantes. Avant même qu’elle eût terminé, le préposé empoigna une boîte posée devant lui: HOMELIVE une box qui  se connecte à votre box qui pilote vos objets connectés à distance blabla pilotez chauffage blabla alerte intrusion incident domestique blabla…
Quel rapport avec notre wifi défectueux?
Aaah mais c’est que là vous êtes en Z-WAVE! ! ! Et suivent des explications aussi fumeuses que délirantes entièrement formatées lors d’un stage « force de vente » par les hyènes markéteuses d’Orange.
Nous lançons des signes de résistance consumériste très évidents que l’agent balaye d’un surréaliste: « Moi, par exemple, j’aime faire du repassage tôt le matin, alors mon fer est préchauffé par… » Nos jambes flageolent, nos mains sont moites. « Tenez, j’en ai même vendu un à ma mère qui anime un atelier couture et parfois elle oublie d’éteindre… » Chez Orange, on n’hésite pas à impliquer les « mamans », argument hautement bouleversifiant même si c’est pour les rouler dans la farine de techno-gadgets aussi encombrants qu’inutiles. Nos regards se croisent: ce type est prêt à tout…
Sentant l’approche d’un Titanic commercial, il renverse alors brusquement la vapeur et nous la joue pleurnichard: « Vous êtes les 6èmes clients qui refusent ma Homelive depuis ce matin, je suis un très mauvais vendeur, demain mon chef va me taper sur les doigts. » Tout est dit. Olivier, car tel est son prénom, a le moral dans les chaussettes. Sa main tourne une clé murale, un rideau de fer descend devant la boutique, il est dix-neuf heures, il est temps d’engager la séquence métro-dodo. L’échange n’a pas eu lieu. Il faut un « bon » émis par un expert technicien. Nous rentrons, notre box toujours aussi bas dans son sac que notre espoir de wifi…

P. S.: Étonnamment, après réinstallation de la box, le wifi est redevenu aussi guilleret et normal que possible. Comme quoi dans l’art de faire chanter le wifi, il y faut plus que du doigté et qu’en la matière les voies d’Orange sont décidément impénétrables…

Illustration: photographie ©Lelorgnonmélancolique.

  1. Célestine says:

    Oh que c’est bon à lire tout ça !
    Mais alors, vous êtes un vrai être humain en chair et en os ?
    Avec des problèmes de wifi comme tout le monde ?
    Et en plus, vous résistez aux sirènes consuméristes…
    Je m’en réjouis, si vous saviez… hihi ! 😉
    ¸¸.•*¨*• ☆

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Patrick Corneau