284922_10208439625409328_283571264452339262_nQuelques remarques sur l’absolu, le relatif et la relativité

Dans le texte qu’il consacre à l’absolu et au relatif dans Le miroir des idées*, Michel Tournier conclut sa présentation par les mots suivants: « Le relatif apparaît donc comme le produit ordinaire et la fin normale de l’activité de l’intelligence. L’intelligence est la faculté de relativiser les absolus livrés bruts par l’expérience. »
Et Tournier de citer Jean Grenier:
L’existence de l’absolu se cache et bouge derrière la tapisserie du monde. On ne la voit pas, elle se manifeste par une absence qui est plus active que les présences, comme dans une soirée à laquelle manque le maître de maison.

Dans Interstellar de Christopher Nolan, Amelia Brand, l’astronaute chef de mission qui a dirigé le vaisseau spatial sur une planète où il n’y a que de l’eau, donc invivable et inexplorable (et où, par ailleurs, la dilatation du temps fait qu’une heure écoulée correspond à 7 années sur Terre…) se voit demander des comptes par Cooper, le pilote, sur la justesse de ses calculs. Elle a alors cette réplique imparable:
« J’ai merdé*! C’est à cause de la relativité… ».

On peut, par extension, imaginer le nouvel emploi de cette réponse sur nos petites planètes personnelles:
– le mari à sa femme qui vient de découvrir qu’il la trompe: « J’ai merdé! C’est à cause de la relativité… »
– l’enfant surpris le doigt dans le pot de Nutella: « J’ai merdé! C’est à cause de la relativité…

– le président de la République face aux chiffres du chômage: « J’ai merdé! C’est à cause de la relativité… »
– un ancien président de la République ayant polémiqué à propos de La princesse de Clèves: « J’ai merdé! C’est à cause de la relativité… »
– …

* Folio 2882
**I fucked up!

Illustration: Interstellar de Christopher Nolan avec Matthew McConaughey, Anne Hathaway, 2015.

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Patrick Corneau