7897_618_Fondation_du_doute_tetiere-2012Eloge de la mauvaise opinion de soi

Le busard n’a strictement rien à se reprocher.
Les scrupules sont étrangers à la panthère.
Les piranhas ne doutent jamais de leurs actions.
Le serpent à sonnettes s’approuve sans réserve.

Personne n’a jamais vu un chacal repenti.
La sauterelle, l’alligator, la trichine et le taon
vivent bien comme ils vivent, et en sont très contents.

Un cœur d’orque pèse bien cent kilogrammes
mais sous tout autre aspect demeure fort léger.

Quoi de plus animal
que la conscience tranquille
sur la troisième planète du Soleil.
Wisława Szymborska, De la mort sans exagérer, traduit du Polonais par Piotr Kaminski, Fayard, 1996.

ferli16Oserai-je ajouter qu’il n’y a rien de plus animal que la conscience tranquille du religieux (sectaire) assis dans la bonne conscience de ses irréfragables convictions?

Illustration:  La Fondation du doute est un centre d’exposition d’art contemporain imaginé par l’artiste Ben et la ville de Blois.

  1. catherine says:

    Je crois que j’aurais du mal à m’entendre avec quelqu’un qui ignorerait tout de la culpabilité la plus élémentaire. Quelqu’un qui s’auto-satisferait à toute occasion, qui se serait affranchi de toute névrose, de tout complexe …

  2. Oui, les personnalités sans faille(s), parfaites et « congruentes » sont proprement inintéressantes… Sur le plan esthétique c’est la différence entre le modernisme (uni, poli et lisse) et le wabi-sabi (terreux, imparfait et bigarré). 😉

  3. Célestine says:

    Je ne me suis jamais sentie si peu animale…
    Comme disait Brassens, je n’ai pas « la foi de mon charbonnier qui est heureux comme un pape et con comme un panier »
    Pour ce qui est des personnalités « avec failles et pas lisses du tout » je suis votre homme. Enfin, façon de parler.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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Patrick Corneau