6b5cdf6a-8c93-11e5-ad51-5ffd44a6484b_web_scale_0.1309365_0.1309365__ferli15Les tragiques évènements du vendredi 13 novembre ont fait émerger en France (et un peu partout dans le monde) la Tour Eiffel comme symbole d’un Paris meurtri et d’un pays atteint dans son essence-même, les valeurs qu’il incarne et défend mais fermement résolu à rester debout face à l’adversité (Fluctuat nec mergitur). Le hasard de recherches sur ce ce monument, si poétiquement célébré par Apollinaire, m’ont fait retrouver un texte ancien de Roland Barthes: La Tour Eiffel, Delpire, coll. « Le génie du lieu », 1964.74725-attentats-d-ou-vient-fluctuat-nec-mergitur-nouveau-slogan-anti-terroriste

« (…) La Tour est une silhouette humaine; sans tête, sinon une fine aiguille, et sans bras (elle est pourtant bien au-delà du monstrueux), c’est tout de même un long buste posé sur deux jambes écartées; elle retrouve d’ailleurs dans cette figure sa fonction tutélaire: la Tour est une femme qui veille sur Paris, qui tient Paris rassemblé à ses pieds; à la fois assise et debout, elle inspecte et protège, elle surveille et couvre. (…)
Regard, objet, symbole, la Tour est tout ce que l’homme met en elle, et ce tout est infini. Spectacle regardé et regardant, édifice inutile et irremplaçable, monde familier et symbole héroïque, témoin d’un siècle et monument toujours neuf, objet inimitable et sans cesse reproduit, elle est le signe pur, ouvert à tous les temps, à toutes les images et à tous les sens, la métaphore sans frein; à travers la Tour, les hommes exercent cette grande fonction de l’imaginaire, qui est leur liberté, puisque aucune histoire, si sombre soit-elle, n’a jamais pu la leur enlever. »
La Tour Eiffel (texte de Roland Barthes, photographies en noir et en couleur d’A. Martin), Delpire, coll. « Le génie du lieu », 1964.

Texte intégral

Illustration: photographie Le Parisien et ©Instagram @joannsfar.

  1. catherine says:

    Je me souviens aussi de
    « …Mais le plus beau moment ce fut lorsqu’entre
    Ses jambes de fer écartées
    La Tour Eiffel fit voir un sexe féminin
    Qu’on ne lui soupçonnait guère. »
    Dans « Transfiguration de Paris » d’Aragon, dit par Marc Ogeret.

Répondre à catherineAnnuler la réponse.

Patrick Corneau