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Un petit
exemplum pour le jour de l’An

Si l’on en croit les informations de la revue « Science », reprises par divers journaux européens, tout dans la vie des Indiens Pirahã d’Amazonie obéit à un principe d’économie, pour ne pas dire de loi du moindre effort. Sept consonnes et trois voyelles leur suffisent pour raconter la création du monde (avec les soupirs et les intonations), ou pour s’adresser la parole. En deux siècles d’échanges rudimentaires avec les Brésiliens, ils n’ont jamais appris que quelques phrases de portugais. Ils font de petits sommes, des siestes brèves et n’arrêtent pas de bavarder toute la nuit. Ils ne chassent que contraints et forcés, quand un début de famine devient une menace pour leurs enfants. Ils connaissent l’alcool et le tabac, qu’ils échangent contre des noix, et prêtent leur femme ou leurs filles quand ils ont l’impression que l’échange leur a été favorable.
Enfin, ce qui me paraît merveilleux pour nous, obsédés de calculs et de précision comptable (et cela ravira les statisticiens), les Indiens Pirahã se passent des chiffres: « un » opposé à « plusieurs », ou « des tas », leur suffit à exprimer la quantité!
Ce qui les rapproche de nous (le reste de l’humanité), c’est qu’ils ont le sentiment d’appartenir à une culture supérieure à toutes les autres, plus digne et moins abâtardie, ce qui se traduit par un profond mépris envers les tribus voisines, qui elles ont appris le portugais et fréquentent les Brésiliens.

Partout dans le monde, les « sous-hommes » sont de l’autre côté de la rivière, mais nous nous préférons nous laisser emporter par le courant, le regard rigidement fixé sur l’aval…

Que la sagesse des Indiens Pirahã vous inspire en 2015 – année que je vous souhaite belle et faste.

Illustration: Joshua Project.

  1. Cédric says:

    Vous venez de m’apprendre le mot « exemplum », l’année commence bien. 🙂

    Et également l’existence de ce peuple.

    Je viens d’ailleurs de lire à leur propos : « Les Pirahãs font de courtes siestes allant de quinze minutes à deux heures, le jour comme la nuit, mais dorment rarement une nuit entière. Ils sont souvent affamés, non pas par manque de nourriture, mais par envie de s’endurcir (tigisái). »

    Cette envie de s’endurcir ne m’inspire pas mais le fait qu’ils se passent de chiffres n’est pas pour me déplaire !

    Je vous souhaite une bonne année 20… euh 2103 euh… 199. euh non…

    Eh puis non, je ne vous souhaite rien, que les choses qui doivent se passer se passent comme elles devront se passer… 🙂

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Patrick Corneau