hmorganlettrine2Frédéric Schiffter le pop-filosophe plagiste qui veut ressembler à BHL et être aussi honni que Michel Onfray vient de commettre un nouvel opus. Un Dictionnaire chic de philosophie – rappelons pour les béotiens de province que le « chic » est un concept marketing germanopratin à destination exclusive200909060698 du marigot éditorial qui s’évapore dès la place Saint-Michel et n’est plus compréhensible au-delà du boulevard des Maréchaux. Monsieur Schiffter ou son éditeur ont eu le malheur de confier la préface du dit opus à Frédéric Begbeider. Plume redoutable s’il en est, maniant le baume et le venin avec une désinvolture qui, ici, se révèle fatale à l’intéressé. On se souvient que lors d’un récent numéro de La Grande Librairie l’invité Begbeider avait fait mordre la poussière à son hôte (et alter ego journalistique) François Busnel avec une perfidie toute en finesse… Bref, passé la sublime préface de Frédéric B., la messe est dite (circulez, rien à lire), il n’y a plus qu’à refermer le livre au grand dam de l’autre Frédéric – « arroseur arrosé »! Il y a des opportunités, des politesses qu’il vaut mieux refuser aux chers amis, même s’il est plus agréable d’échouer dans les gants de velours d’un esthète publicitaire-né qu’entre les mains rêches d’un gardien du temple comme Roger Pol-Droit…
Aussi peut-on utilement économiser 23,95 € en téléchargeant via Amazon l’essai gratuit de la version Kindle: vous gagnez l’exquise préface begbeidérienne et rien qu’elle. Autrement dit le gâteau sans la cerise…
CaptureA ces faibles et médiocres, seul le mépris des autres paraît nécessaire: ils en ont besoin pour se prouver à eux-mêmes leur propre supériorité.
Finalement, plutôt que ces mini-dandies accroupis sur leur image, tous issus de la gentrification éditoriale, lisez (relisez) Baudelaire, avec en sous-main le dernier Bonnefoy (Le siècle de Baudelaire, Le Seuil).
Et si vous voulez rire, je parle d’un vrai rire (pas le sarcasme des petits marquis) alors précipitez-vous sur « Le Thème étranger » de Sigismund D. Krzyzanowski, « Génie négligé », en tout point inclassable qui met en scène un crève-la-faim de la littérature qui fait commerce de pensées, d’aphorismes ou de chiens volés:
Ne seriez-vous pas tenté, citoyen, par l’acquisition d’un système philosophique? Avec double perspective sur le monde: s’oriente à la fois sur le micro et le macrocosme. Conçu d’après une méthode stricte et sûre. Répond aux grandes questions… pour un petit prix. Vous hésitez, citoyen. Pourtant, cette conception du monde, que je suis également prêt à vous laisser à crédit, est tout ce qu’il y a de plus original; jamais usée par aucune pensée. Vous seriez le premier à la concevoir. Moi, je ne suis qu’un simple constructeur, un assembleur de systèmes. C’est tout.
Mais comprenez donc qu’en vous cédant cette conception, je m’en prive moi-même. N’eût été l’extrême nécessité… Je vous le dis franchement: c’est un système idéaliste.
Mais je ne prends pas cher. (…) Si vous n’avez pas les moyens d’acheter une conception du monde, peut-être vous contenterez-vous de deux ou trois aphorismes; c’est comme vous voudrez. Que désirez-vous: du profond ou du brillant? Du spiri­tuel ou du lapidaire? Du sérieux philosophique ou du calembour? Au fait, mettons-nous aussi d’accord sur la tonalité émotionnelle: préférez-vous les sentences tristes, du genre résigné, ou bien…
(
Traduit du russe par Zoë Andreyev et Catherine Perrel, Éditions verdier)

Illustrations: La Dépêche du Midi /Amazon.

  1. serge says:

    J’avais noté que Schiffter avait disparu de votre blogroll, est-ce une coincidence?
    Ce monsieur m’est très vite apparu derrière sa posture de dandy, hédoniste comme
    quelqu’un de désagreable, vaniteux, exprimant avec ridicule tout le bien qu’il pense de lui. Je me souviens de l’une de ses chroniques qui le mettait particulièrement en valeur lorsqu’il avait mouché le nez de l’une de ses élèves car celle-ci avait eu le malheur d’exprimer un désaccord.

  2. Cédric says:

    Je pense que si FS lisait votre billet, il ne serait pas content. 😉

    C’est même à ça qu’on le reconnait FS : quand on ne va pas dans son sens, il n’est pas content, quand on ne pense pas comme lui, il n’est pas content…

    Il a une telle haute estime de ses pensées, qu’immanquablement, des pensées contraires aux siennes ne peuvent que susciter son mépris, son dédain voire des insultes. 😉

    En fait, lorsqu’on parle de lui, il n’est content que si ce sont des propos élogieux.

    Et je vous le donne en mille : s’il lit mon commentaire, il ne sera pas content… 😉

  3. Aukazou says:

    Ce n’est plus une préface, c’est une recette de noël : ou comment transformer un dandy en dindon de la farce.
    A confondre Oscar Wilde avec Danny Wilde, Schiffter se sera fait refaire le portrait mais pas celui de Dorian, plutôt celui de Simplet.

      1. Aukazou says:

        L’humour peut-il résister à la censure ? 😉
        Sauf à avoir la berlue, il m’a semblé voir un commentaire disparaître… L’ami digne d’un don (celui à qui l’on a offert une belle préface pour noël) aurait-il eu les oreilles qui carillonnent et se serait-il empressé de venir vous sonner les cloches ? Question purement rhétorique.

        1. Cher(e) Aukazou, ici on ne censure pas (surtout si 😉 on fait preuve d’un peu d’humour!), même Pyongyang avec tout son sinistre sérieux n’y arriverait pas. Bien sûr je ne peux répondre des bugs et autres incidents informatiques liés à l’hébergeur (qui n’est pas Nord Coréen que je sache). Je constate que le 1er commentaire (de Serge) a mystérieusement disparu, cela n’est pas de mon fait, je me permets de le remettre via les outils de gestion du blog. Mise au point qui n’est pas rhétorique. 😉

  4. farceur says:

    Je reprends votre sophisme : « ici on ne censure pas surtout si… » La censure ne se precise pas. Encore moins quand on voit des messages apparaitre puis disparaitre. Dans les faits, vous etes identiques a ceux que vous denoncez.

    1. Absolument FAUX (vous avez du manquer un épisode), j’ai entendu le même argument (de mauvaise foi) de la part de M. Schiffter, seriez-vous en train de le ventriloquer? « Farceur » (nom du 8ème nain?)… « Vous êtes identiques à CE que vous dénoncez »! 😉

      1. Aukazou says:

        Le farceur s’engouffre dans la brèche d’une maladresse syntaxique au détriment du fond. N’est-ce pas là le propre du sophiste : un rhéteur de bas étage qui, faute d’en pouvoir pénétrer la substantique moëlle, se contente de machouiller son os. Ce casse burnes, ou plutôt ce casse-noisette, ferait mieux d’aller applaudir le grand écart stylistique de sa danseuse beigbéderienne qui s’essaie aux pointes dans des chaussures de plomb. Je n’ai jamais listé autant de redondances, de lieux communs et de vulgarités que dans la préface bâclée de celui qui se compare à « tonton Marcel », rien que ça ! Notez que le préfacé valait bien ce coup de « ballet » rapide qui amoncelle la poussière en petit tas sans la dégager pour autant.

        1. Cédric says:

          Cher Lorgnon, grâce à vous, j’ai cherché à savoir ce qu’était un « bâton de longueur », car même si je comprenais le sens de la phrase de Barbey d’Aurevilly, j’ignorais la signification de cette expression.

          J’ai trouvé la réponse ici :

          http://www.crcb.org/le-baton-de-longueur/.html

          Je souhaite d’excellentes fêtes au Farceur et à Frédéric Schiffter. (restons le plus poli possible 😉 )

          1. Aukazou says:

            Merci pour le lien, Cédric. Cependant, j’espère que les informations qu’il délivre sont plus fiables que son « orthograve » : « occurrence », par exemple, prend deux « c » et deux « r ». Je n’ai pas checké le reste, je n’en ai pas le temps.

            Quoi qu’il en soit, le but de votre démarche est tout autre, n’est-ce pas Cédric… ?

            Quant au lorgnon, je me permets de lui faire observer que « vous nous barbez…d’Aurevilly » n’est pas une injure, tout au plus un jeu de mots. Par ailleurs, la paix sociale ne s’est jamais imposée à l’aide de coups de bâton …

            Bonne réflexion !

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Patrick Corneau