Scan_29-11-2013-13-25-51ferli16Lisant le délicieux livre d’Alberto Arbasino (indiqué par Laurent, merci à lui), je tombe sur le chapitre proprement ahurissant de sa rencontre lors de l’été 1957 avec Céline et, soudainement, les propos très inconvenants du reclus de Meudon entrent en résonance avec mon précédent billet sachant, comme disait Jorge Volpi, que « Toute coïncidence ou ressemblance avec des situations actuelles n’est ni fortuite ni involontaire »:

« Imbu de mythes exclusifs, le Français est asocial, politiquement stupide, il tend à l’absolutisme en toute chose, il vise à faire de l’effet, peu importe à quel prix, et c’est ce qui explique toutes les conventions, c’est ce qui explique les jalousies… Ce n’est pas que je me fie, naturellement, je n’ai jamais voulu me mêler… Et c’est aussi ce qui explique, dans les événements du passé récent, par exemple, la constitution du  » trust des martyrs très exclusif, celui-là aussi, tous d’un seul côté… Je dirais qu’il est vraiment curieux de voir comment, dans un pays si indiscret et si bavard, on réussit à maintenir un véritable silence plus ou moins officiel sur certains faits, sur certaines personnes… Tous très prompts à pleurer sur les pauvres Hongrois, à s’émouvoir pour les héroïques Polonais… jamais sur certains Français…
Mais le Français continue de nourrir ses illusions… Il croit toujours qu’il est Louis XIV… et qu’il suffit d’un geste pour s’imposer à n’importe qui… alors qu’il se trouve dans un pays réduit à l’importance d’un département… ou moins encore… Ah, les surprises désagréables qui lui arrivent ensuite continuellement, il les mérite toutes… »
« Docteur Destouches », Paris, O Paris, A. Arbasino, Édition Le Promeneur, Gallimard, 1997.

  1. un promeneur says:

    @lorgnon: en effet le prêt à penser règne encore et désormais, et beaucoup trop souvent dans les discussions françaises la question est juste de savoir où situer a priori l’interlocuteur, quelles sont en somme ses mesures, sa taille, son positionnement social, idéologique, etc. Apprendre à dé-penser, à trouver ses propres idées, sans dieux ou maîtres, croire qu’il est possible un jour timidement de penser (un peu plus) juste, voici qui est hardi et tentant !

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Patrick Corneau