ferli14Alors que Télérama (organe de presse bobo et acteur majeur en France de la « gentrification » culturelle) vient assez hypocritement au secours des bobos (« Comment le bobo est devenu le coupable idéal« /Marion Rousset/Télérama n° 3332), la télévision d’État (France 2) posait au journal de 20 heures du 27 novembre un œil froidement détaché et quelque peu condescendant sur le désarroi des “Petits Blancs” (la France serait-elle devenue une terre de canne à sucre?), entendez par là la frange basse de la classe dite « moyenne » en voie accélérée de paupérisation. Bien évidemment, ce reportage a été précédé de mises en garde très politiquement correctes de médiatiques et universitaires consultants chauves et/ou barbe de trois jours (la fine fleur bobo) quant aux propos possiblement « borderline » tenus par ces « invisibles » (de qui?), ces « déclassés » (pourquoi?), ces « oubliés » (par qui?) en colère dont le « casting » (et le « look ») en dit long sur les préjugés journalistiques…
Il est plus facile de s’en prendre aux bobos pour en dire du bien ou du mal (la bouc-émissarisation est plutôt tendance en ce moment, à gauche comme à droite) que d’essayer de sortir de l’ombre cette France « périphérique » où les habitants (60% des Français, tout de même…) expriment de plus en plus violemment leur sentiment de ne plus se sentir « dans le jeu » – ce qu’avait réussi avec brio en octobre dernier Jean-Robert Viallet dans son implacable et édifiant documentaire La France en face sur France 3 où il montrait l’équivalence fracture sociale/ségrégation spatiale à partir de données démographiques (flux migratoires) analysées par de solides géographes (et non les backstage pandits de France 2).

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Illustration: reportage de France 2, Journal de 20 heures du 27 novembre 2013.

  1. Laurent says:

    Si vous ne l’avez pas encore fait, lisez le livre de Christophe Guilluy, Fractures françaises, qui est dans la ligne générale du documentaire de France 3 (ce documentaire est même l’illustration du livre).

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Patrick Corneau